Présidentielles : Emmanuel Macron favorable à l’euthanasie

Jeudi 31 mars, lors d’un déplacement à Fouras en Charente-Maritime dans le cadre de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a déclaré être « favorable à ce qu’on évolue vers le modèle belge » (cf. Euthanasie : « Une nouvelle morale s’instaure : celle de l’abnégation sociale, de ma mort au profit du collectif »). Un « avis personnel » sur la dépénalisation de l’euthanasie, dont il n’a pas prononcé le nom.

La Belgique, un modèle ? #

« Le modèle belge est catastrophique et dérape depuis vingt ans », affirme le Dr Jean-Marie Gomas, auteur avec le Dr Pascale Favre de l’essai Fin de vie : peut-on choisir sa mort ? (Artège). « Des travaux récents pointent l’absence de respect de plusieurs garde-fous, comme l’absence de consultation d’un second médecin pourtant exigé, le non-respect de critères d’éligibilité… », précise-t-il (cf. L’Impasse de l’euthanasie Euthanasie : « la ligne d’arrivée de cette course à l’émancipation, c’est l’isolement et la solitude »).

Dans son dernier rapport, la Commission d’évaluation indique qu’aucun dossier n’a été transmis au procureur du roi (cf. Belgique : les euthanasies en hausse de 10,4% en 2021). Ce qui est « logique » pour le Dr Gomas, puisque « certains médecins militants revendiqu[e]nt “ouvertement” ne pas déclarer certains actes ».

Un débat faussé #

Le candidat à sa réélection explique avoir « pris l’engagement de faire évoluer le sujet “en faisant une convention citoyenne pour qu’elle fasse accoucher un consensus” » (cf. Fin de vie, GPA… : Emmanuel Macron précise son programme en matière de bioéthique). « Mais prôner le consensus tout en donnant sa propre opinion fausse-t-il déjà le jeu, à supposer qu’Emmanuel Macron soit réélu et la convention citoyenne, organisée ? », interroge la journaliste Alice Le Dréau.

« Un président ne devrait pas dire ça, estime un médecin de la SFAP. D’abord, parce que cette déclaration court-circuite tout le travail fait depuis plusieurs mois pour encourager au développement des soins palliatifs (cf. Cinquième plan pour les soins palliatifs : des ambitions, peu de moyens). Ensuite, parce que, politiquement parlant, lancer une consultation en donnant les résultats espérés à l’avance ne pose pas la base idéale d’un débat

En 2017, lors de sa première campagne, Emmanuel Macron avait affirmé souhaiter « choisir (sa) fin de vie ».

 

Sources : Europe 1, Jacques Serais avec Gauthier Delomez (02/04/2022) ; La Croix, Alice Le Dréau (01/04/2022)