“Aide médicale à mourir”: le Canada refuse de protéger la liberté de conscience

 Au Canada, la Chambre des communes a rejeté le 5 octobre 2022 une proposition de loi destinée à protéger la liberté de conscience des professionnels de la santé confrontés à des demandes d’« aide médicale à mourir ». Seuls 115 députés ont voté en faveur du texte contre 203.

La proposition de loi visait à modifier le Code criminel afin de permettre aux professionnels de santé de ne pas avoir à participer « directement ou indirectement » à des euthanasies. En effet, si elle avait été votée, le fait d’intimider ou de licencier un professionnel de santé qui refuse d’effectuer cet acte ou d’adresser un patient à un confrère non objecteur, serait devenu illégal.

Aider à mourir ou à vivre ? #

Ce vote intervient alors que les demandes d’euthanasies se multiplient dans le pays (cf. Canada : explosion du recours à l’« aide médicale à mourir » en 2021). Sathya Dhara Kovac, une femme de 44 ans atteinte de la maladie de Charcot, est décédée cette semaine dans le cadre du « programme d’aide médicale à mourir du Manitoba ». « En fin de compte, ce n’est pas une maladie génétique qui m’a emportée, c’est un système », écrit-elle dans une nécrologie adressée à ses proches. Déplorant le manque de soutien à domicile, elle regrette : « J’aurais pu avoir plus de temps si j’avais eu plus d’aide ».

De son côté, Jacques Comeau, un retraité tétraplégique de 66 ans, vient de demander de recourir à l’« aide médicale à mourir ». Pourtant, il ne pensait pas à mourir il y a un mois. Mais depuis des changements intervenus au sein de son centre local de services de santé (CLSC), ses soins ne sont plus effectués correctement, lui causant inconfort et douleur. Et le centre reste sourd à ses demandes. Une situation que l’on voit « partout au Québec », affirme Adèle Liliane Ngo Mben Nkoth, membre d’une association représentant les personnes avec un handicap moteur. Ces situations pourraient être évitées, assure-t-elle, et « la mort ne devrait pas être la seule option » (cf. Canada : « L’accès à des médecins spécialistes prend des mois quand l’accès à l’’aide médicale à mourir’ peut prendre quelques jours »).

 

Sources : La Presse, Stéphanie Taylor (06/10/2022) ; CBC, Bryce Hoye (04/10/2022) ; CTV (01/10/2022)