« Transidentification des mineurs » : des sénateurs LR lancent un cri d’alarme

Publié le 19 Mar, 2024

Dans un rapport sur « la transidentification des mineurs » en France publié par la sénatrice du Val d’Oise, Jacqueline Eustache-Brinio, les sénateurs du groupe Les Républicains (LR) lancent un cri d’alarme (cf. Changement de genre chez les mineurs : l’alerte de l’Académie de médecine). « Ce qui frappe, devant ce triste tableau, c’est la fulgurance du phénomène (…). Mais ce qui frappe plus encore, c’est l’évanouissement du discernement des adultes, qui, comme hypnotisés par les sirènes du wokisme, ou tétanisés par ses injonctions totalitaires, ont confondu ressenti et diagnostic, souffrances et droits, écoute et protection » dénonce la journaliste Laurence de Charrette (cf. Changement de sexe chez les enfants : « un des plus grands scandales sanitaire et éthique »).

18 sénateurs LR ont participé à ce groupe de travail confié un an auparavant par Bruno Retailleau à Jacqueline Eustache-Brinio (cf. « Transidentité » chez les mineurs : « combien de temps avant une réaction collective ? »). Depuis juin 2023, une soixantaine de personnes, professionnels de santé, éducateurs, responsables associatifs, enfants et parents ont été auditionnés.

Une proposition de loi avant l’été

Dans leurs conclusions, les sénateurs dénoncent une idéologie « transaffirmative » chez les professionnels de santé chargés d’accompagner ces jeunes, et pointent la responsabilité des associations « transactivistes », qui, par leurs publications sur les réseaux sociaux, influencent les mineurs vers un changement de genre. « La psychologue Angélique Gozlan, spécialiste des réseaux sociaux chez les adolescents, nous a décrit le rôle joué par des influenceurs transgenres auprès de jeunes en souffrance, que les algorithmes finissent par enfermer dans des bulles informationnelles où seul résonne un même discours, répliqué à l’infini » explique Jacqueline Eustache-Brinio (cf. La fragile protection des enfants face aux lobbies trans-affirmatifs ; Transition de genre : une étude documente la « contagion sociale »).

En plus de ce rapport, les sénateurs LR ont annoncé le dépôt, avant l’été, d’une proposition de loi visant à interdire toute « transition médicale » en France avant 18 ans. En vertu de cette proposition, la prescription ou l’administration de bloqueurs de puberté ou d’hormones croisées, ainsi que les opérations chirurgicales de changement de genre seront interdites aux mineurs. « Seuls les enfants qui ne présentent pas d’autres troubles psychopathologiques majeurs pourront, si leur détresse liée au genre perdure, être redirigés vers des services spécialisés dans l’incongruence de genre » précise la sénatrice du Val d’Oise.

« On se félicite de ce retour à la raison » se réjouissent les membres du collectif de parents Ypomoni. « Il a juste fallu à ma fille l’attestation d’un psychiatre, qu’elle a obtenue après une consultation d’une heure, dénonce Maud Vasselle, membre du collectif (cf. Genre : 140 médecins et intellectuels appellent à informer les jeunes objectivement). Mais les médecins n’expliquent pas les conséquences des bloqueurs de puberté. Ma fille ne s’était pas rendu compte que la vie n’allait pas être si facile avec tous ces traitements… Elle qui était une petite fille brillante est aujourd’hui en échec scolaire. Et elle est loin d’avoir trouvé la solution à son mal-être » (cf. Changement de sexe chez les enfants : « C’est comme si mon fils était sous emprise »).

Les auteurs du rapport insistent également sur le difficile parcours des « détransitionneurs » (cf. Dysphorie de genre : des “détransitionneurs” de plus en plus nombreux). Avec le risque de voir ces regrets aboutir à une multiplication des procédures pénales, comme aux Etats-Unis où plus d’une dizaine de procès sont en cours, pointe la juriste Olivia Sarton, directrice scientifique de l’association Juristes pour l’enfance.

Abroger la « circulaire Blanquer »

Les sénateurs LR préconisent aussi l’abrogation de la « circulaire Blanquer » de 2021, qui crée un régime d’exception pour les « élèves transgenres » en milieu scolaire (cf. Genre à l’école : le Conseil d’Etat maintient la « circulaire Blanquer »). Ils proposent de « la remplacer par une note de service incitant le personnel scolaire à rester neutre à l’égard des enfants qui s’interrogent sur leur genre ».

« Il faudrait être encore plus dur : un enfant n’est pas en âge de demander à modifier son corps !, s’indigne Maud Vasselle, dont la fille a attendu sa majorité pour se faire opérer, il y a deux ans. Ce sujet ne devrait pas être sur la table, ni à l’école, ni au collège. Interdire l’intervention auprès des élèves d’associations qui ne respectent pas le principe de neutralité ? C’est évident, mais cela ne suffit pas: le phénomène a pris une telle ampleur qu’il ne peut pas y avoir une série télé sans personnage trans, même si elle se déroule au Moyen Âge ! »

« Un phénomène en expansion »

Même si aucune étude officielle n’a été menée en France sur le nombre d’enfants se déclarant transgenres, « tous les médecins et psychologues que nous avons auditionnés reconnaissent que ce phénomène est en expansion – quel que soit par ailleurs le regard qu’ils posent dessus » explique la sénatrice Jacqueline Eustache-Brinio (cf. « La transition de genre est devenue incontrôlable » : l’alerte d’une psychiatre « pionnière » dans ce domaine). Les sénateurs se sont également basés sur études britanniques, suédoises ou américaines (cf. Royaume-Uni : entre 2000 et 2018, sept fois plus de jeunes de 16-17 ans se sont déclarés transgenres). Aux Etats-Unis, le nombre de mineurs se déclarant transgenres a triplé en cinq ans. Aujourd’hui, 40.000 enfants américains de moins de 17 ans sont concernés.

Auditionné lors des travaux pour le rapport, David Cohen, chef du service de pédopsychiatrie à la Pitié-Salpêtrière, a indiqué recevoir environ quarante nouvelles demandes de consultation chaque année (cf. « Les jeunes », faux héros et vraies proies de notre époque). Parmi ces patients mineurs, 16% ont moins de 12 ans. Les jeunes filles représentent en outre plus de 80% des cas.

Comme le soulignent la psychologue Céline Masson et la pédopsychiatre Caroline Eliacheff, la majeure partie des mineurs qui consultent dans une unité spécialisée se voient in fine diagnostiquer une « dysphorie de genre », alors qu’ils souffrent, la plupart du temps, d’un mal-être plus général et de comorbidités. Parmi les jeunes accueillis à la Pitié-Salpêtrière, un quart serait ainsi en décrochage scolaire, 42% ont été victimes de harcèlement, et 61% ont souffert de dépression. Un mineur sur cinq a en outre fait une tentative de suicide. Lors de son audition, le psychiatre et psychanalyste anglais David Bell, auteur en 2018 d’un rapport critique sur la prise en charge des enfants transgenres dans le système de santé britannique, a ajouté qu’un tiers des enfants pris en charge par la clinique de Tavistock souffraient de troubles autistiques (cf. Autisme et genre : associations et praticiens alertent). Pourtant, « l’objectif principal » de la clinique « n’était pas de traiter le malaise psychologique de ces jeunes, mais de les sortir de leur corps » explique-t-il.

« L’adolescence est souvent l’âge où l’acceptation de son corps pubère, de son identité sexuée, est plus difficile. Mais, lorsque les enfants victimes de ce mal-être bénéficient d’un accompagnement adéquat, ils ne demandent pas nécessairement à changer de sexe » constate Jacqueline Eustache-Brinio qui recommande « une meilleure prise en charge psychiatrique de ces enfants ».

« La France doit leur emboîter le pas »

La sénatrice regrette le manque de recul scientifique sur la question. « Les études scientifiques font encore cruellement défaut et il faut améliorer notre connaissance, notamment s’agissant des effets secondaires générés par les traitements proposés aux adolescents » explique-t-elle constatant que « tout plaide pour une plus grande prudence, faute de recul » (cf. Bloqueurs de puberté : des données « insuffisantes »). « Partout, les experts, lorsqu’ils veulent bien se pencher sur la question, dénoncent des pratiques médicales inappropriées, incertaines et dangereuses » explique Laurence de Charrette. Alors que « nos voisins anglo-saxons ont décidé de ne plus prescrire de traitements hormonaux aux enfants mineurs qui souhaitent changer de sexe, (…) les Suédois, autrefois pionniers de la “déconstruction de genre”, se mordent les doigts, les Norvégiens et les Danois font machine arrière, les Allemands, les Suisses, les Espagnols reviennent sur leurs pas » poursuit-elle (cf. Angleterre : le NHS met fin aux bloqueurs de puberté ; Changement de genre : le Danemark prend du recul). « La France doit leur emboîter le pas » conclut donc la sénatrice du Val d’Oise.

Complément du 21/03/2024 : Le rapport, ses annexes et les recommandations des sénateurs ont été publiés par l’Observatoire de la Petite Sirène.

 

Sources : Valeurs actuelles (18/03/2024) ; Observatoire de la Petite Sirène (18/03/2024) ; Le Figaro, Laurence de Charrette (18/03/2024) ; Le Figaro, Paul Sugy (19/03/2024)

Partager cet article

Synthèses de presse

PMA : une clinique de FIV poursuivie suite à la destruction d’embryons congelés
/ PMA-GPA

PMA : une clinique de FIV poursuivie suite à la destruction d’embryons congelés

Plusieurs couples porté plainte contre une clinique de fécondation in vitro de Californie, Ovation Fertility, suite à la mort de ...
cese
/ Fin de vie

Fin de vie : la Convention citoyenne se réunit une dernière fois

Le 26 et 27 avril, lors de la « session finale » de la Convention citoyenne sur la fin de vie, plusieurs ...
IA : un algorithme améliore le choix du traitement contre le cancer
/ E-santé

IA : un algorithme améliore le choix du traitement contre le cancer

Des chercheurs ont mis au point un algorithme capable de déterminer l’origine des métastases de 5 classes de cancers alors ...

Textes officiels

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres