« Nous sommes inquiets de la surreprésentation de jeunes autistes et TDAH [1] se déclarant transgenres et souhaitant faire une transition. » Face à l’augmentation des demandes, des praticiens et des responsables d’associations [2] ont décidé de donner l’alerte dans une tribune.
Un risque de confusion entre autisme et transidentité ?
« Les problématiques sensorielles, l’anxiété sociale, le sentiment de décalage par rapport à la dimension sociale de la sexualité, la tendance à imiter autrui de manière formelle, la fréquente indifférence aux stéréotypes sociaux sexuels, tous phénomènes typiques de l’autisme, peuvent être interprétés comme des signes de transidentité », indiquent les signataires.
En outre, « les jeunes autistes sont fréquemment isolés socialement alors que, comme tout un chacun, ils éprouvent un besoin d’appartenance à un groupe », soulignent-ils. « Cet isolement, souvent couplé à une non-conformité de genre (fréquente chez les personnes TSA [3]), les rend très sensibles à la communauté trans, estiment les signataires, dans laquelle ils peuvent se sentir acceptés et valorisés dans leur différence, sans avoir toutes les clefs pour décoder que la démarche les conduit à des transformations physiques irréversibles. »
Refuser l’approche « trans affirmative » chez les mineurs
Partant de ce constat, ces praticiens et associations estiment que les traitements hormonaux et chirurgicaux « doivent être réservés à des adultes présentant une dysphorie de genre résistante, qui les empêche de vivre » (cf. Dysphorie de genre : « primum non nocere »).
Quand il s’agit d’adolescents notamment, « les troubles fréquemment associés, comme bien souvent l’autisme ou un TDAH » sont trop peu pris en compte selon eux. Alors qu’« il ne peut être exclu qu’une investigation, un traitement et une stabilisation appropriés de ceux-ci réduiraient ou élimineraient complètement la nécessité d’une transition médicale pour un nombre important de personnes » (cf. « Transition de genre » : une jeune Espagnole porte plainte contre Santé publique).
Et ce, d’autant plus que se multiplient les témoignages de « détransitionneurs » qui estiment n’avoir pas été suffisamment informés des implications des traitements et de la chirurgie sur leur santé. Un rappel fait le 20 février par l’Association des médecins et chirurgiens américains (AAPS[4]) qui met en garde contre les « risques inconnus et inconnaissables à long terme » inhérents à ces traitements chez les mineurs. L’AAPS rappelle que les conséquences de la chirurgie de transition de genre sont irréversibles, et que ces procédures « engagent le patient à avoir besoin de soins médicaux, chirurgicaux et psychologiques pendant toute sa vie » (cf. Changement de sexe chez les enfants : « un des plus grands scandales sanitaire et éthique »). Des procédures « médicalement et éthiquement contre-indiquées » chez les mineurs en raison de l’absence de consentement éclairé, affirme l’AAPS (cf. « Transition de genre » : le mineur apte à consentir ?).
Entendre les avertissements précédents
Les signataires de la tribune demandent donc à « ce qu’un soutien psychosocial qui aide le jeune à vivre avec le développement pubertaire de son corps sans médicaments soit la première option dans son parcours de soins ».
Ils s’étonnent par ailleurs de ne pas avoir été consultés par la Haute Autorité de Santé, actuellement en train d’élaborer des recommandations sur le sujet, « connaissant pourtant la surreprésentation des personnes autistes et TDAH parmi les jeunes se déclarant transgenres » (cf. Transgenres : des recommandations de la HAS en cours d’élaboration).
Finalement, les praticiens et associations signataires appellent le gouvernement « à la plus grande vigilance sur le fait que ces recommandations prennent en compte les examens des données probantes des pays précurseurs, sur la base des données scientifiques disponibles, absentes de toute idéologie, fondées sur les preuves, et respectant l’éthique de la médecine » (cf. Genre : 140 médecins et intellectuels appellent à informer les jeunes objectivement; Enfants « trans » : des études, des faits).
Complément du 23/07/2024 : Selon une étude publiée dans la revue JAMA Neurology [5] menée par le NIH, les « minorités sexuelles et de genre »[6] sont deux fois plus susceptibles de déclarer une « épilepsie active »[7] que les autres. Cette étude suggère que l’épilepsie pourrait s’ajouter au « nombre croissant de disparités en matière de santé neurologique » dont souffrent ces personnes. Les causes potentielles de cette augmentation de la prévalence sont inconnues, indiquent les scientifiques.
L’analyse du NIH s’appuie sur les données de l’enquête nationale d’information sur la santé de 2022. Elle repose sur de l’« autodéclaration ».
[1] trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité
[2] liste des signataires :
- Association AFG Autisme : André Masin, président
- EDI formation : Danielle Artuso, directrice
- Tdah France : Christine Getin, présidente
- Personnes Autistes pour une Autodétermination Responsable et Innovante : Conseil collégial et membres fondateurs
- Autisme en Ile de France : Jean-Marc Monguillet, président
- Autistes Sans Frontières : Isabelle Rolland, co-présidente
- Asperger Aide France : Hélène Hardiman Taveau, présidente
- Association Autisme Info Service : Florent Chapel, président
- L’étoile d’Asperger : Catherine Pivolos
- Café autisme : Association de parents et de personnes TSA
- Vivre Et Travailler Autrement : Association de parents et de personnes TSA, présidée par Yenny Gorce
- Cécile Coudert : Psychologue Neuropsychologue spécialisée en Trouble du spectre de l’Autisme (TSA) & troubles neurodéveloppementaux (TND)
- Eric Turon Lagot : Psychologue, Psychothérapeute
- Dre Karina Alt : Anthropologue, Analyste du comportement certifiée
- Bernadette Rogé : Professeur Emérite Université Toulouse
- Lilia Sahnoun : Psychiatre
- Lydie Gibey : Psychologue
- Esteve Freixa i Baqué : Professeur des Universités en Sciences du comportement
- Boris Guimpel : Psychologue, psychothérapeute TCC et sexologue
- Eric Lemonnier : Pédopsychiatre en charge du centre de ressources autisme du limousin
- Jean-Christophe Seznec : Médecin psychiatre, thérapeute ACT
- Valérie Toutin : Responsable qualité et développement au sein d’un organisme de formation et ancienne cheffe de projet du troisième plan autisme au sein du Secrétariat général du Comité Interministériel du Handicap
- Nouchine Hadjikhani : Professeur, Gillberg Neuropsychiatric Center, Université de Gothenburg, Suède
- Laëtitia Coilliot : Personne autiste, formatrice PRAG à l’INSHEA, membre de Parents et professionnels pour l’autisme en Île-de-France (PEPA)
- Elisabeth Baudoing : Attachée administration Éducation. Nale. Retraitée
- Approche Globale Autisme : Corinne Baculard, présidente
[3] trouble du spectre de l’autisme
[4] Association of American Physicians and Surgeons
[5] Emily L. Johnson et al, Prevalence of Epilepsy in People of Sexual and Gender Minoritized Groups, JAMA Neurology (2024). DOI: 10.1001/jamaneurol.2024.2243
[6] Autrement dit les personnes se déclarant « gays, lesbiennes, bisexuelles, queers, transgenres, non binaires ou de genre différent ».
[7] L’expression « épilepsie active » signifie que la personne a été diagnostiquée épileptique et qu’elle a eu plus d’une crise au cours de l’année écoulée ou qu’elle prend actuellement des médicaments contre l’épilepsie
Sources : JIM, collectif (25/02/2023) ; The Epoch Times, Mimi Nguyen Ly (23/02/2023) ; Medical Xpress, National Institutes of Health (22/07/2024) – Photo : iStock