« Transidentité » chez les mineurs : « combien de temps avant une réaction collective ? »

Publié le 2 Déc, 2021

Dans une tribune pour le journal l’Express, l’Observatoire la Petite Sirène interpelle une fois de plus l’opinion publique « au sujet d’un nouveau phénomène d’emprise idéologique dont les réseaux sociaux sont le principal vecteur » : la « transidentité » chez les mineurs, appelée « dysphorie de genre » par les psychiatres. « De plus en plus d’enfants et d’adolescents sont diagnostiqués ou se diagnostiquent eux-mêmes “dysphoriques de genre”, répondant à l’invitation “autodétermine-toi” clamée par les influenceurs sur les réseaux sociaux régulièrement fréquentés par des millions de jeunes en France et dans le monde », alertent les signataires[1].

Un phénomène qui génère « désarroi » et « incompréhension » chez les parents dont l’enfant exige d’eux de « les prénommer et les “genrer” autrement, ou pire encore, réclament de voir au plus vite un endocrinologue pour des prises d’hormones antagonistes » (cf. Changement de sexe chez les enfants : « C’est comme si mon fils était sous emprise »).

L’inquiétude des médecins

Aux Etats-Unis, deux psychologues américaines, spécialistes de la santé des personnes transgenres[2] alertent également quant à l’échec des institutions de santé mentale auprès des « enfants transgenres ». « La thérapie exploratoire du genre est une étape cruciale. Pourquoi les thérapeutes ne la pratiquent-ils pas ? », interrogent-elles (cf. Aider les enfants « transgenres » Christian Flavigny).

Car une « dysphorie de genre » peut « n’être rien de plus qu’un malaise identitaire de jeunes mal dans leur corps et traversant des épisodes de souffrance psychique ». « Actuellement 1,8 % des personnes de moins de 18 ans s’identifient comme transgenres ». Deux fois plus qu’il y a cinq ans.

« Dans les milieux professionnels, nous entendons parler d’endocrino-pédiatres et d’autres encore qui prescrivent des hormones aux jeunes trans », écrivent ces psychologues américaines. Et « nombre d’entre eux discutent ouvertement de la manière dont ils utilisent le modèle de soins fondé sur le consentement éclairé des adultes avec leurs patients adolescents, ce qui signifie presque toujours l’absence de participation des services de santé mentale et parfois même l’absence de participation des parents. »

« Orienter des enfants, des adolescents – en disqualifiant toute évaluation (…) – vers une “transition” supposée répondre à toutes les expressions de leur malaise, revient à les surmédicaliser », « avec une légèreté qui interroge sérieusement ». « Nos enfants sont-ils des objets d’expérimentation à qui on prescrit des hormones hors autorisation de mise sur le marché (AMM) dans ce type de situation ? », interpellent les signataires.

Un « véritable renversement épistémologique »

L’Observatoire la Petite Sirène dénonce « un véritable renversement épistémologique qui a radicalement transformé nos institutions ». Citant une intervenante du Planning familial qui avait affirmé sur France Inter que « l’enfant, le jeune est le meilleur expert de ce qu’il vit », l’Observatoire déplore que ce type de propos soit facilité par « l’ambiance actuelle », « au nom du progrès, de l’égalitarisme et de l’hypersensibilité à la cause des minorités ».

« N’assiste-t-on nous pas aussi à une confusion des fonctions médicales et militantes dont l’attirail des notions pseudo-progressistes finit par imprégner le langage médical ? », interroge l’Observatoire. Et alors que « des pays jusqu’ici avant-gardistes en matière de changement de sexe freinent aujourd’hui leurs réponses médicales rapides en matière d’hormones et chirurgie chez les mineurs » (cf. Dysphorie de genre : un hôpital abandonne le traitement hormonal chez les mineurs, jugé « expérimental »), combien de temps faudra-t-il attendre « avant une réaction collective » ?

 

[1] Signataires : Nicole Athéa (endocrinologue-gynécologue), Pascale Belot-Fourcade (psychiatre), Anne-Laure Boch (neurochirurgien philosophe), Anna Cognet (psychologue clinicienne), Laurence Croix (maître de conférences en psychologie, psychanalyste), Caroline Eliacheff (pédopsychiatre, psychanalyste), Nicole Farges (psychologue, psychanalyste), Natalie Felzenszwalbe (avocate honoraire), Béatrice Finet (maître de conférences en sciences de l’éducation), Delphine Girard (professeure de lettres classiques en collège, militante laïque), Bernard Golse (pédopsychiatre, psychanalyste, professeur émérite de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent), Françoise Laborde (journaliste, essayiste et ancienne conseillère au Conseil supérieur de l’audiovisuel), Jean-Pierre Lebrun (psychiatre, psychanalyste), Céline Masson (professeur des universités, psychanalyste), Sylvie Quesemand Zucca (médecin, psychiatre), Anne Perret (pédopsychiatre), Olivia Sarton (juriste), Jacqueline Schaeffer (psychanalyste), Sonia Timsit (psychiatre, psychanalyste), Samuel Veissière (anthropologue et professeur de psychiatrie transculturelle à l’Université McGill de Montréal), Michèle Vianès (présidente de Regards de femmes).

[2] Laura Edwards-Leeper, psychologue, est la fondatrice de la première clinique pédiatrique pour transgenres aux États-Unis ; Erica Anderson, psychologue clinicienne, est membre du comité de l’American Psychological Association chargé de rédiger les directives relatives au traitement des personnes transgenres. Elles ont occupé des postes de direction au sein de la WPATH (World Professional Association for Transgender Health, ou association professionnelle mondiale pour la santé des personnes transgenres) et rédigé des préconisations en matière de santé pour les personnes transgenres dans le monde.

 

Source L’Express, Tribune collective (30/11/2021)

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