Une étude publiée dans la revue Archives of Sexual Behavior[1] révèle que les parents qui ont emmené leurs enfants dans des cliniques spécialisées dans le traitement de la dysphorie de genre ont subi des pressions pour « accepter le processus de transition »[2]. Par ailleurs, l’étude indique que « le bien-être de leurs enfants s’est dégradé, au lieu de s’améliorer » avec cette prise en charge. En outre, les conclusions de l’étude viennent étayer la théorie selon laquelle l’augmentation du nombre d’adolescents qui changent de genre est due à une « contagion sociale ».
Une enquête auprès de 1 665 familles
Dirigée par Michael Bailey, professeur à l’Université Northwestern, cette étude est la plus importante à ce jour sur la « dysphorie de genre à déclenchement rapide »[3], un « diagnostic non officiel » proposé en 2018 par le Dr Lisa Littman pour expliquer « l’épidémie récente de dysphorie de genre chez les adolescents et les jeunes adultes » (cf. Questionnements de genre chez les enfants : un colloque pour éclairer parents et professionnels).
Elle s’appuie sur une enquête en ligne menée auprès de 1 665 parents entre décembre 2017 et octobre 2021. Le Pr Bailey reconnaît qu’elle peut comporter un biais[4], mais rappelle que les études favorables aux transitions de genre chez les mineurs n’en sont pas dépourvues.
Sur l’ensemble des familles orientées vers un spécialiste, 73% des jeunes avaient effectué une « transition sociale », contre 49% chez les autres familles[5].
Le constat de la contagion sociale
Avant « l’apparition de la dysphorie de genre », « la plupart des adolescents » souffraient de troubles de la santé mentale. 42 % d’entre eux avaient reçu un diagnostic médical (cf. Autisme et genre : associations et praticiens alertent).
Les adolescents de cette enquête étaient des filles pour 75% d’entre eux. L’âge moyen d’apparition de la dysphorie de genre était de 15,8 ans pour elles et de 14 ans pour les garçons. Et « environ 55 % des adolescents connaissaient quelqu’un qui avait effectué une transition ».
« Le fait d’avoir des amis qui se sont révélés transgenres au même moment est lié de manière significative à la probabilité d’une transition sociale », indique l’étude. « Parmi les filles, 73,3% de celles qui avaient des amis transgenres avaient pris des mesures en vue d’une transition sociale, contre 54 % de celles qui n’avaient pas de tels amis ». Des chiffres de 39,5 % et de 21,7 % pour les garçons.
Des législations disparates
Une dizaine d’Etats américains ont voté des lois afin de s’opposer aux traitements de genre chez les mineurs (cf. Genre : Le Kentucky interdit les traitements pour les mineurs).
En revanche, dans l’Etat de Washington, la Chambre des représentants a voté mercredi dernier un projet de loi qui priverait les parents du droit d’intervenir dans les soins médicaux de leurs enfants. Parmi les « services de santé protégés », les « soins d’affirmation du genre ». Le texte doit encore être signé par le gouverneur Jay Inslee.
Complément du 12/06/2023 : L’éditeur Springer a annoncé que l’article allait être officiellement rétracté le 12 juin.
Cela fait suite à une lettre adressée par un groupe de praticiens et de militants, dont l’actuelle présidente de la WPATH, Marci Bowers (cf. La fragile protection des enfants face aux lobbies trans-affirmatifs), affirmant que l’article devait être rétracté parce que les auteurs n’avaient pas obtenu l’approbation de l’Institutional Review Board (IRB) pour l’étude. La lettre demandait également le renvoi du rédacteur en chef de la revue Archives of Sexual Behavior, le Dr Ken Zucker.
Malgré la mobilisation de « plus de 2 000 chercheurs et praticiens », Springer a décidé de rétracter l’article, mais de maintenir le rédacteur en chef.
Après confirmation que l’approbation de l’IRB n’était pas nécessaire, Springer a justifié la rétractation par le fait que « les participants à l’enquête n’ont pas explicitement consenti à ce que leurs réponses agrégées soient partagées dans une publication “académique” et “évaluée par des pairs” ».
En réponse à cette décision, le Dr Michael Bailey, l’un des coauteurs de l’article, a fait valoir que « les participants ont clairement consenti à la publication des résultats de l’enquête et que l’absence de qualificatifs spécifiques pour le terme “publication”, tels que “académique” ou “évalué par les pairs”, n’invalide pas le consentement ». Il a également pointé 19 publications de Springer qui, de la même manière, ne contenaient pas cette formulation spécifique dans leurs formulaires de consentement.
Springer s’est engagé à revoir, et potentiellement à rétracter, les 19 publications citées. De nombreuses autres publications basées sur des enquêtes pourraient être concernées.
A ce jour, l’article incriminé a été consulté plus de 72 000 fois. L’éditeur affirme que, même après la rétractation, l’article restera disponible en ligne, mais il sera affiché avec l’avis de rétractation.
[1] Diaz, S., Bailey, J.M. Rapid Onset Gender Dysphoria: Parent Reports on 1655 Possible Cases. Arch Sex Behav 52, 1031–1043 (2023). https://doi.org/10.1007/s10508-023-02576-9
[2] Sur les 390 parents qui ont déclaré avoir consulté une clinique ou un spécialiste du genre, 51,8 % ont dit s’être sentis poussés à faire subir à leur enfant une transition sociale ou médicale.
[3] ROGD en anglais pour Rapid onset gender dysphoria
[4] « Nos résultats les plus importants proviennent de comparaisons entre les familles de notre étude et ne peuvent donc pas être attribués à des préjugés parentaux », précise-t-il toutefois.
[5] Pour la transition médicale, les taux étaient de 11% et 5% respectivement. Parmi l’ensemble des adolescents, 6,5 % des filles et 8,4 % des garçons avaient eu recours à des hormones de sexe opposé, et 1 % des garçons et 0,7 % des filles avaient subi des interventions chirurgicales.
Sources : Washington Times, Valerie Richardson (04/04/2023) ; Fox, Hannah Grossman (16/04/2023) ; Society for evidence based gender medicine (10/06/2023)