Etats-Unis : la pilule abortive devant la Cour suprême

Publié le 26 Mar, 2024

Ce 26 mars, la Cour suprême des Etats-Unis doit entendre les plaidoiries dans le cadre d’une affaire sur la pilule abortive opposant l’Alliance for Hippocratic Medicine à la Food and Drug Administration (FDA) (cf. Pilule abortive : un recours devant la Cour suprême américaine ; Pilule abortive : trois Etats américains poursuivent la FDA).

L’enjeu porte sur la facilité d’accès à la mifépristone, une pilule abortive utilisée en combinaison avec le misoprostol lors d’un avortement médicamenteux. Alors que la mifépristone dilate le col de l’utérus et bloque les effets de la progestérone, le misoprostol, pris 24 ou 48 heures après, provoque des contractions.

Après l’autorisation de la mifépristone par la FDA en 2000, dans le cadre d’une « procédure d’approbation accélérée », les conditions d’accès ont été assouplies en 2016, 2021 et 2023 (cf. Etats-Unis : la FDA élargit l’accès aux pilules abortives). Aujourd’hui, la pilule abortive peut être ingérée jusqu’à 10 semaines de grossesse contre 7 auparavant. Les femmes peuvent se la procurer par télémédecine, en ligne, par la poste et, depuis 2023, dans les pharmacies (cf. Etats-Unis : la FDA maintient l’« avortement par la poste » ; IVG : les conclusions d’une étude sur la télémédecine remises en cause). L’idée que l’avortement devrait être « sûr, légal et rare » a été abandonnée déplore le Dr Ingrid Skop, obstétricien. Peu ou mal conseillées, de nombreuses femmes choisissent l’avortement médicamenteux sans en mesurer les conséquences (cf. IVG : une femme témoigne « ce n’était pas “mon choix”, mais “ma peur” »).

La santé des femmes « en péril »

Or, les complications sont quatre fois plus fréquentes avec les pilules abortives qu’avec l’avortement chirurgical, touchant jusqu’à une femme sur cinq (cf. IVG médicamenteuse : les visites aux urgences en hausse de 500 %). Dans 1 % des cas, la femme a fait face à l’impossibilité de mettre fin à sa grossesse, et dans 3 à 8 % des cas, elles subissent une hémorragie, une infection ou une nouvelle intervention (cf. Etats-Unis : les risques de la pilule abortive). Enceinte entre six et sept semaines lorsqu’elle a pris la pilule abortive, Elizabeth Gillette souffre aujourd’hui de traumatisme après avoir vu le fœtus. Elle demande à la Cour suprême d’intervenir et de protéger les femmes qui ne sont pas accompagnées lorsqu’elles prennent ce produit (cf. Etude sur l’IVG médicamenteuse : « Je n’ai jamais eu aussi mal de ma vie. Une douleur sans nom »).

Pour certaines organisations médicales, l’assouplissement des conditions d’accès « [met] en péril la santé des femmes dans tout le pays ». Elles demandent que les juges ratifient une décision d’une Cour d’appel fédérale limitant l’accès à la mifépristone (cf. Etats-Unis : l’ordonnance sur la pilule abortive suspendue en partie en appel). Cependant, l’administration et les fabricants de médicaments s’y opposent car une telle décision pourrait remettre en question d’autres autorisations de la FDA.

Depuis son approbation en 2000, 6 millions de femmes ont utilisé la mifépristone. L’année dernière près de deux tiers des avortements pratiqués aux Etats-Unis étaient des avortements médicamenteux (cf. Etats-Unis : les avortements médicamenteux en hausse en 2023).

La décision de la Cour suprême sur cette affaire est attendue pour la fin du mois de juin.

 

 

Sources : Washington Times, Alex Swoyer (24/03/2024) ; Stat news, Meghana Keshavan (25/03/2024) ; Washington Times, Dr Ingrid Skop (25/03/2024) ; AP news, Mark Sherman (26/03/2024)

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