Des chercheurs de l’université de Californie à San Francisco viennent de publier dans la revue Nature Medicine une étude selon laquelle la télémédecine pour prescrire des pilules abortives est « efficace, sûre et comparable aux taux publiés de soins d’avortement médicamenteux en personne ». Cependant ces conclusions sont remises en cause, alors que cette étude pourrait influencer la Cour suprême qui doit statuer le mois prochain sur l’accès à la mifépristone (cf. Pilule abortive : un recours devant la Cour suprême américaine).
Parmi les 6 034 avortements par télésanté étudiés, 1421 femmes, soit environ un quart d’entre elles, n’ont fait l’objet d’aucun suivi. Or, « nous savons que les femmes qui ressentent les réactions les plus négatives à la suite de leur avortement sont les moins susceptibles de participer aux suivis » note Tessa Longbons Cox, de l’Institut Charlotte Lozier. « Ces voix manquantes sont une pièce cruciale du puzzle clinique, car nous ne pouvons pas supposer que ces femmes ont eu une issue positive » poursuit-elle.
Le New York Times a de son côté noté que parmi les patientes suivies, 85 ont eu besoin de « mesures supplémentaires » pour « terminer l’avortement », telles que des médicaments ou une procédure d’aspiration dans un établissement médical. Dans 81 cas les femmes ont dû se rendre aux urgences et 15 patientes ont eu de « graves complications ». Dix ont dû être hospitalisées, six ont reçu des transfusions sanguines, deux ont été traitées pour des infections et une a été opérée pour une grossesse extra-utérine.
Pour le Dr Ingrid Skop, gynécologue au Texas, les critères de « résultats négatifs » utilisés par les chercheurs étaient trop restrictifs, car ils excluaient les interventions chirurgicales d’urgence, les saignements abondants pendant six à huit semaines et les infections intra-utérines.
Source : Bioedge, Michael Cook (22/02/2024) – Photo : Pixabay