Télémédecine : un bénéfice pour l’environnement, mais pour le patient ?

Publié le 19 Déc, 2023

Alors que « les services de santé contribuent fortement à la consommation d’énergie et à la production de déchets »[1], des études se sont intéressées à l’impact environnemental de la télémédecine [2]. Elles font ainsi valoir que la réduction du temps de déplacement des patients pour les consultations « suffit à justifier une réduction de l’empreinte carbone des soins ».

Face à ce bénéfice environnemental [3], « le risque de diagnostics manqués lors de consultations virtuelles et qui vont donc nécessiter des consultations ou des admissions en personne ultérieures » ou encore « le risque d’augmentation des effets indésirables avec la prescription de médicaments à distance » sont portés par les patients.

« Une enquête menée par l’assurance-maladie en Ile-de-France révèle des différences notables entre les pratiques des médecins généralistes en cabinet et celles des médecins travaillant pour des plateformes dédiées à la téléconsultation » [4]. Outre « des prescriptions disproportionnées avec un grand nombre de consultations facturées illégalement avec des majorations de nuit ou de dimanche », l’étude relève que « les médecins, ne pouvant effectuer un véritable examen clinique, jouent la carte de la sécurité et prescrivent 2,5 fois plus d’antibiotiques que les généralistes en cabinet ». En outre, « près de 20 % des consultations sont suivies d’une nouvelle consultation dans la semaine, souvent en présentiel ».

Pour le Dr Christophe Prudhomme, médecin urgentiste en Seine-Saint-Denis, « ces éléments montrent une dérive commerciale encouragée par les responsables politiques successifs qui ont voulu faire croire que la technologie pouvait pallier la baisse de la démographie médicale » (cf. Téléconsultations dans les gares : des territoires « encore un peu plus considérés comme de second rang »).

Faudra-t-il sacrifier le patient sur l’autel des économies et de l’environnement ? (cf. Délit d’« écocide » : l’homme, coupable ou victime ?)

 

[1] Les soins de santé peuvent représenter « jusqu’à 5 % de l’empreinte carbone annuelle » d’un pays. Parmi les sources de ces émissions : la consommation énergétique des bâtiments, les achats et les déplacements. Santé log, Télémédecine : Elle réduit l’empreinte carbone des soins de santé (18/12/2023)

[2] « La télémédecine rassemble plusieurs types d’actes médicaux dont la téléconsultation, la téléexpertise, la télésurveillance médicale, la téléassistance médicale et la régulation médicale des appels passés au SAMU ou aux centres 15 »

[3] Les évaluations restent à consolider, en prenant par exemple en compte l’impact des déchets électroniques.

[4] L’Humanité, Téléconsultations : dire stop aux cabines de télémédecine, Christophe Prudhomme (18/12/2023)

Photo : Pixabay

Partager cet article

Synthèses de presse

Fin de vie : « Le Canada a fait des personnes handicapées une catégorie de personnes pouvant être tuées »
/ Fin de vie

Fin de vie : « Le Canada a fait des personnes handicapées une catégorie de personnes pouvant être tuées »

Au Canada, des personnes handicapées réclament des « safe zones » exemptes d’euthanasie en raison du « validisme » ambiant ...
Une proposition de résolution visant à constitutionnaliser l’interdiction de la GPA
/ PMA-GPA

Une proposition de résolution visant à constitutionnaliser l’interdiction de la GPA

« Il est important de réagir vu les déclarations très graves de plusieurs ministres qui demandent une ouverture du débat ...
17_trisomie21
/ Dépistage prénatal, IVG-IMG

Dépistage prénatal en Suède : l’ONU dénonce un risque d’eugénisme

Dans son rapport, déposé en mars 2024, le Comité des droits des personnes handicapées de l'ONU considère que la pratique du ...

Textes officiels

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres