Alors que « les services de santé contribuent fortement à la consommation d’énergie et à la production de déchets »[1], des études se sont intéressées à l’impact environnemental de la télémédecine [2]. Elles font ainsi valoir que la réduction du temps de déplacement des patients pour les consultations « suffit à justifier une réduction de l’empreinte carbone des soins ».
Face à ce bénéfice environnemental [3], « le risque de diagnostics manqués lors de consultations virtuelles et qui vont donc nécessiter des consultations ou des admissions en personne ultérieures » ou encore « le risque d’augmentation des effets indésirables avec la prescription de médicaments à distance » sont portés par les patients.
« Une enquête menée par l’assurance-maladie en Ile-de-France révèle des différences notables entre les pratiques des médecins généralistes en cabinet et celles des médecins travaillant pour des plateformes dédiées à la téléconsultation » [4]. Outre « des prescriptions disproportionnées avec un grand nombre de consultations facturées illégalement avec des majorations de nuit ou de dimanche », l’étude relève que « les médecins, ne pouvant effectuer un véritable examen clinique, jouent la carte de la sécurité et prescrivent 2,5 fois plus d’antibiotiques que les généralistes en cabinet ». En outre, « près de 20 % des consultations sont suivies d’une nouvelle consultation dans la semaine, souvent en présentiel ».
Pour le Dr Christophe Prudhomme, médecin urgentiste en Seine-Saint-Denis, « ces éléments montrent une dérive commerciale encouragée par les responsables politiques successifs qui ont voulu faire croire que la technologie pouvait pallier la baisse de la démographie médicale » (cf. Téléconsultations dans les gares : des territoires « encore un peu plus considérés comme de second rang »).
Faudra-t-il sacrifier le patient sur l’autel des économies et de l’environnement ? (cf. Délit d’« écocide » : l’homme, coupable ou victime ?)
[1] Les soins de santé peuvent représenter « jusqu’à 5 % de l’empreinte carbone annuelle » d’un pays. Parmi les sources de ces émissions : la consommation énergétique des bâtiments, les achats et les déplacements. Santé log, Télémédecine : Elle réduit l’empreinte carbone des soins de santé (18/12/2023)
[2] « La télémédecine rassemble plusieurs types d’actes médicaux dont la téléconsultation, la téléexpertise, la télésurveillance médicale, la téléassistance médicale et la régulation médicale des appels passés au SAMU ou aux centres 15 »
[3] Les évaluations restent à consolider, en prenant par exemple en compte l’impact des déchets électroniques.
[4] L’Humanité, Téléconsultations : dire stop aux cabines de télémédecine, Christophe Prudhomme (18/12/2023)
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