Le Comité des droits des personnes handicapées de l’ONU a vérifié la conformité de la Suède avec la Convention relative aux droits des personnes handicapées. Dans son rapport, déposé en mars 2024, il considère que la pratique du dépistage prénatal (DPN) du pays présente un risque d’eugénisme.
Les experts s’inquiètent « des préjugés négatifs à l’égard des personnes en situation de handicap, particulièrement celles ayant des déficiences intellectuelles ou psychosociales ». « Ceux-ci imprègnent les pratiques et les décisions en matière de dépistage prénatal et de recours à l’avortement, qui sont destinés à l’extinction de certains types de handicaps mentaux » dénoncent-ils.
Le rapport préconise aux autorités suédoises « de s’assurer que les conseils médicaux et sociaux sur les dépistages prénataux et l’avortement, dispensés par les professionnels de santé, ne véhiculent plus de préjugés négatifs à l’égard des personnes souffrant de déficiences mentales ou psychosociales, et ne cherchent pas à éteindre la population des personnes porteuses de ces handicaps ».
Des reproches contre la politique de dépistage de la France
Ce n’est pas la première fois que le Comité des droits des personnes handicapées pointe ce risque et relève une infraction à l’article 8 de la Convention sur les droits des personnes handicapées, selon lequel les Etats s’engagent à « promouvoir une perception positive des personnes handicapées et une conscience sociale plus poussée à leur égard ». En 2021, il avait considéré qu’en France « le handicap, en particulier l’autisme, les handicaps psychosociaux, les handicaps mentaux et la trisomie 21, sont associés à des stéréotypes négatifs » et que « le dépistage génétique prénatal des déficiences du fœtus, en particulier de la trisomie 21 […], dévalorise les personnes handicapées » (cf. L’ONU reproche à la France sa politique de dépistage prénatal de la trisomie 21).
Une majorité de pays européens autorise le dépistage prénatal et le diagnostic pré-implantatoire (DPI) (cf. Dépistage et diagnostic prénatal : les techniques évoluent, la trisomie 21 est toujours ciblée). En 2020, une étude publiée par la revue Nature avait montré que dans plus d’un cas sur deux les parents qui attendent un enfant porteur de trisomie choisissent d’avorter (cf. Trisomie 21 : l’appel de parents à qui l’hôpital n’a pas proposé de DPNI).
Source : Le Figaro, Paul Sugy (29/04/2024)