Des bébés génétiquement modifiés ? « Inacceptable à l’heure actuelle » pour les scientifiques

Publié le 9 Mar, 2023

Après trois jours de travaux, le troisième sommet international sur l’édition du génome humain a rendu ses conclusions. Des « progrès remarquables » ont été faits en matière d’édition de cellules somatiques juge le comité d’organisation. Reste sur ce sujet la question du coût et de l’accès aux traitements que les scientifiques souhaitent « équitable et durable ». En ce qui concerne les modifications transmissibles à la descendance, c’est-à-dire l’édition de gamètes ou d’embryons humains, les « erreurs » sont encore trop nombreuses.

Le procédé est « inacceptable à l’heure actuelle », juge le comité. « A l’heure actuelle » : autrement dit, en l’espace de cinq ans, les scientifiques sont passés de la question de «  faut-il le faire ? », à celle de quand sera-t-il « acceptable » de faire naître des « bébés CRISPR ?  ». Un « vaste débat de société », « des normes de sécurité », « un cadre réglementaire » et « une gouvernance responsable » : voilà ce qui semble seulement manquer pour le comité d’organisation du sommet. De son côté, la société paraît presque prête à ce que l’on change le patrimoine génétique de l’humanité pour avoir des enfants indemnes de maladies génétiques, ou promis à de brillantes études (cf. Trier les embryons pour réussir à l’université ?).

L’auto-engendrement à portée de main

En attendant les chercheurs continuent leurs travaux. Ils fabriquent des embryons génétiquement modifiés pour évaluer l’efficacité de la technique (cf. CRISPR : des modifications involontaires et mal détectées). Ils produisent des ovocytes à partir de cellules de mâles. Pour le moment uniquement chez la souris (cf. Des souriceaux nés de deux « pères »), mais la récente fabrication d’un organoïde d’ovaire entièrement humain est elle aussi « prometteuse » (cf. Un premier organoïde d’ovaire entièrement humain). La perspective de l’auto-engendrement est à portée de main, une dizaine d’années pour le professeur Katsuhiko Hayashi de l’université de Kyushu. Des hommes pourront se reproduire, seuls ou à deux, en se passant des femmes. Peut-être y auront-ils quand même recours pour porter leur progéniture ? A moins que, d’ici là, les utérus artificiels n’aient, eux aussi, été mis au point (cf. EctoLife, ou la procréation technologiquement assistée).

En introduction de la conférence, David Baltimore, prix Nobel de médecine, se félicitait de la façon dont la discipline s’était auto-régulée après le scandale provoqué par He Jiankui lors de la précédente édition de la conférence (cf. He Jiankui : pas d’excuses, pas de regrets ?). En effet, aucun bébé CRISPR n’est né depuis 2018, ils ont tous été détruits in vitro.

 

Photo : Pixabay

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