CRISPR : des modifications involontaires et mal détectées

Publié le 8 Mar, 2023

Une nouvelle recherche menée par des scientifiques de l’Oregon Health & Science University (OHSU) indique qu’une méthode scientifique, « couramment utilisée » pour analyser « une minuscule quantité d’ADN » prélevée chez des embryons humains à un stade précoce, n’est pas fiable [1]. En effet, les modifications génétiques pratiquées par les chercheurs sur les embryons avec l’outil CRISPR n’étaient pas reflétées « avec précision ». Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature communications [2] et seront présentés lors troisième sommet international sur l’édition du génome humain (cf. Edition du génome : un troisième sommet international).

Pour remédier à ce problème de « fiabilité », les chercheurs de l’OHSU, en collaboration avec des instituts de recherche de Corée du Sud et de Chine, ont créé des lignées de cellules souches embryonnaires à partir d’embryons génétiquement modifiés. L’objectif est de disposer d’une grande quantité d’ADN dont l’analyse ne nécessite pas l’amplification du génome entier.

Un outil très loin d’être maitrisé

En outre, l’étude révèle que l’édition de gènes visant à corriger des mutations pathologiques peut également entraîner des « modifications involontaires et potentiellement dangereuses » du génome.

« Bien que les technologies d’édition de gènes soient prometteuses pour la prévention et le traitement des maladies héréditaires débilitantes, la nouvelle étude révèle les limites qui doivent être surmontées avant que l’édition de gènes en vue d’une grossesse puisse être considérée comme sûre ou efficace », jugent les chercheurs.

 

NDLR : Les chercheurs affichent donc bien, quatre ans après le scandale de la naissance des jumelles génétiquement modifiées, leur volonté, à terme, de faire naitre d’autres « bébés CRISPR ». Dans l’intervalle, ils considèrent les embryons génétiquement modifiés comme un matériau de recherche. La France a autorisé cette pratique avec la loi de bioéthique 2021.

 

[1] Les embryons humains n’étant constitués que de quelques cellules à un stade précoce, il n’est pas possible de collecter suffisamment de matériel génétique pour les analyser « efficacement ». Les scientifiques interprètent donc les données à partir d’un petit échantillon d’ADN prélevé sur quelques cellules, voire une seule, qui doit ensuite être multiplié des millions de fois au cours d’un processus appelé « amplification du génome entier ». Le processus est utilisé lors d’un diagnostic préimplantatoire.

[2] Shoukhrat Mitalipov, Limitations of gene editing assessments in human preimplantation embryos, Nature Communications (2023). DOI: 10.1038/s41467-023-36820-6www.nature.com/articles/s41467-023-36820-6

Source : Phys.org, Oregon Health & Science University (07/03/2023)

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