Dans une nouvelle étude publiée dans Stem Cell Reports [1], des chercheurs japonais ont cherché à examiner les questions éthiques et pratiques relatives à l’édition de l’épigénome.
Un risque de transmission à la descendance ?
L’édition de l’épigénome est une « technologie émergente » utilisée pour réguler la fonction des gènes en contrôlant les « états épigénétiques »[2] à des endroits spécifiques du génome. Cette méthode se distingue de l’édition génétique « traditionnelle », qui implique une modification permanente de la séquence d’ADN (cf. Editer le génome : des conséquences imprévisibles ?).
L’édition de l’épigénome fait intervenir divers mécanismes moléculaires, comme la méthylation de l’ADN, les modifications des histones, les ARN non codants, la structure de la chromatine et la liaison des facteurs de transcription. Des mécanismes dont les perturbations peuvent entraîner des troubles génétiques et des cancers.
En outre, bien que certains chercheurs affirment que cette technique présente moins de problèmes éthiques que l’édition du génome, notamment en ce qui concerne son impact sur la progéniture (cf. Des bébés génétiquement modifiés ? « Inacceptable à l’heure actuelle » pour les scientifiques), le risque de transmission transgénérationnelle a également été signalé pour les modifications épigénétiques, même si elle n’a pas été encore observée chez des mammifères [3].
La possibilité d’« effets hors cible »
Cette étude aborde deux catégories d’édition de l’épigénome : l’édition « sur site uniquement », qui a des effets temporaires « relativement faciles à arrêter », et l’édition « formant une mémoire », qui induit des changements épigénétiques persistants. Les seconds pouvant s’avérer irréversibles.
Des préoccupations existent aussi quant à de possibles « effets hors cible », qui pourraient avoir un impact durable (cf. CRISPR-Cas9 : des effets « off target » plus nombreux et difficiles à détecter). En outre, le résultat des effets épigénétiques peut être plus difficile à évaluer que les changements génétiques.
Ainsi, les auteurs de l’étude préconisent la mise en place de « réglementations strictes, similaires à celles qui régissent l’édition du génome et les thérapies géniques ».
[1] Mitsuru Sasaki-Honda et al, Is epigenome editing non-inheritable? Implications for ethics and the regulation of human applications, Stem Cell Reports (2023). DOI: 10.1016/j.stemcr.2023.10.003
[2] modifications chimiques du génome qui régulent l’expression des gènes
[3] L’héritage épigénétique transgénérationnel a été observé dans des organismes tels que la levure, les plantes et les nématodes
Source : Medical Xpress, Kyoto university (07/11/2023) – Photo : iStock