Selon les résultats d’une étude récente[1], l’outil d’édition du génome CRISPR-Cas9 est « fréquemment à l’origine de mutations de l’ADN que les analyses ordinaires ne permettent pas de détecter ». Des résultats qui « suggèrent que l’édition de gènes est plus sujette aux erreurs que l’on ne le pense et, en outre, que l’identification et l’élimination des résultats défectueux et indésirables ne sont pas aussi faciles qu’on le suppose généralement ». Selon les chercheurs qui ont mené l’étude, il s’agit de « graves écueils ».
La raison principale de ce manque de précision : cet outil ne fait « que couper les enzymes », sans « aucune fonction de réparation de l’ADN ». Ainsi « chaque mutation créée au site cible est susceptible d’être unique ». Qui plus est, l’emplacement dans le génome, le type de cellules, l’espèce et la « version de CRISPR » peuvent « influencer les types d’altérations génétiques effectuées sur le site cible ». Un manque de précision qui peut s’avérer dramatique : lors d’un essai de thérapie génique « 2 des 11 enfants traités ont déclenché une leucémie due à des effets hors cible ». Ce qui a conduit à l’arrêt de l’essai.
Dans l’étude réalisée, les chercheurs ont tenté d’insérer un fragment d’ADN sur des sites cibles d’embryons de souris. Et ils ont observé « une intégration répétitive » en « tête à queue » pour 6 souris parmi 34 dans une expérience, pour 30 sur 49 dans une autre. Ainsi « des insertions d’ADN complexes et aberrantes étaient une constatation courante ». Et le fait qu’elles se soient produites dans diverses expériences indique que cette observation est indépendante de « l’ADN inséré ou [de] la partie du génome dans laquelle il a été inséré ».
Autre fait « notable », « ces réarrangements génétiques complexes ont rarement été détectés par les méthodes d’analyse standard ». Une « mise en garde importante », et ce d’autant plus que les auteurs s’attendent à ce que leurs résultats s’appliquent « aussi à d’autres méthodes d’édition, comme les TALENs et les nucléases à doigt de zinc ».
Pour aller plus loin :
CRISPR : premier essai in vivo aux Etats-Unis
Des effets off-target révélés chez des taureaux génétiquement modifiés
Les « prime editors », « traitement de texte » de la génétique
[1] Skryabin, B.V., et al. (2020) Pervasive head-to-tail insertions of DNA templates mask desired CRISPR-Cas9–mediated genome editing events. Science Advances. doi.org/10.1126/sciadv.aax2941.
News Medical, Bioscience Resource Project (26/02/2020)