Une start-up affirme avoir prolongé la vie de souris par reprogrammation

Publié le 10 Jan, 2023

Rejuvenate Bio, une société de biotechnologie de San Diego, affirme avoir utilisé la reprogrammation cellulaire « pour rajeunir des souris âgées et prolonger leur vie ». L’entreprise espère pouvoir appliquer un jour la technologie à l’être humain. Pour le moment, seul un preprint est disponible. La recherche n’a pas encore été revue par des pairs.

Une preuve de concept ?

Les facteurs de reprogrammation[1] ont été injectés dans des souris âgées de 124 semaines[2], l’équivalent de 77 ans pour un être humain, précise Noah Davidsohn, directeur scientifique de Rejuvenate. Après le traitement, « leur durée de vie restante a été doublée », indique la société. Les souris traitées ont en effet vécu 18 semaines de plus, en moyenne, alors que les souris témoins sont mortes après neuf semaines. Ainsi, la durée de vie globale des souris traitées a été prolongée de 7 % environ. Selon Noah Davidsohn, leur état de santé général a été également amélioré.

Bien que l’augmentation soit « modeste », il s’agit d’une preuve de concept, estime l’entreprise. Plutôt « un bel exercice intellectuel », tempère Vittorio Sebastiano, professeur à l’université de Stanford. Selon lui, l’effet de prolongation de la vie rapporté par Rejuvenate pourrait être dû à des changements dans un seul organe ou groupe de cellules, plutôt qu’à un effet de rajeunissement général à l’échelle de la souris. En outre, Rejuvenate n’a pas précisément documenté quelles et combien de cellules ont été modifiées par le traitement.

Des risques et des ambitions

« Je me garderais bien de faire quoi que ce soit de semblable à une personne », avertit Vittorio Sebastiano. En effet, l’un des risques est de provoquer un cancer. Un effet « souvent observé chez les souris ».

Jusqu’à présent, la technique de reprogrammation a été testée sur des cellules en laboratoires (cf. Des cellules de peau rajeunies). La recherche sur la reprogrammation comme potentiel « élixir de jeunesse » a entraîné « un boom de la recherche et des investissements ». La société Altos Labs affirme avoir levé « plus de 3 milliards de dollars » (cf. Altos Labs : l’entreprise qui promet la jeunesse éternelle et attire les milliardaires).

Les entreprises qui travaillent sur le sujet concentrent en général leurs efforts sur des pathologies reconnues et sur des organes spécifiques. Ainsi, la société Turn Bio, cofondée par le professeur de Stanford, espère par exemple injecter des facteurs de reprogrammation dans la peau des gens « pour combattre les rides ou relancer la croissance des cheveux ». De son côté, l’entreprise Life Biosciences « se prépare à tester si la reprogrammation des cellules de l’œil peut traiter la cécité ».

 

[1] Les souris ont été exposées à trois des facteurs de Yamanaka : Oct4, Sox2, Klf4, en utilisant une thérapie génique mettant en œuvre un virus adéno-associé (AAV) pour les délivrer aux cellules

[2] Les souris ne vivent que quelques mois dans la nature mais peuvent survivre deux à trois ans en laboratoire. Celles qui ont participé à l’expérimentation étaient « presque en fin de vie ».

Source : MIT Technology Review, Antonio Regalado (09/01/2023)

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