Implant cérébral : un nouvel essai chez un patient atteint de la maladie de Charcot

Publié le 1 Mar, 2024

Un homme atteint de la maladie de Charcot est la dixième personne à avoir reçu un implant cérébral. Le dispositif de Synchron, baptisé Stentrode, lui a été implanté en août dernier (cf. Interface cerveau-machine : essais aux Etats-Unis).

Mark, 67 ans, a été diagnostiqué en 2020 et a lentement perdu ses capacités physiques. Désormais Mark est capable d’envoyer des notifications relatives à sa santé ou la douleur qu’il ressent à son prestataire de soins, simplement en utilisant l’interface « qui lit ses ondes cérébrales et les traduit en actions exécutées sur un ordinateur ». Il devrait bientôt pouvoir « utiliser ses pensées » pour, par exemple, envoyer des SMS à sa famille et à ses amis.

Un dispositif « peu invasif »

Stentrode est présenté comme l’implant cérébral « le moins invasif » du marché, en concurrence avec le système Neuralink d’Elon Musk (cf. Neuralink : encore des annonces, toujours pas de publications scientifiques). Synchron a reçu l’autorisation de la Food and Drug Administration (FDA) de mener des essais sur l’homme en 2021.

De la taille d’un trombone, le système est implanté dans le cortex moteur, qui génère des signaux pour diriger les mouvements du corps. Il est mis en place via une procédure impliquant une « petite incision » dans le cou, similaire à l’insertion d’endoprothèses dans le cœur.

Une fois en place, il déploie les électrodes vers les parois des vaisseaux, à proximité du cerveau, où il peut enregistrer les signaux neuronaux. Un émetteur séparé, semblable à un stimulateur cardiaque, est inséré chirurgicalement dans la cavité thoracique. La personne doit être connectée à l’ordinateur pour que celui-ci capte le signal, mais les chercheurs espèrent qu’un jour l’appareil pourra être connecté par un signal sans fil.

Une mise en marche progressive

Il a fallu deux mois à Mark pour se remettre de l’intervention avant que l’équipe de Synchron puisse le mettre en marche. Un mois supplémentaire a été nécessaire avant que l’appareil ne fonctionne. En effet, le dispositif doit « se familiariser » avec les ondes cérébrales spécifiques de Mark.

Ces ondes sont liées à chaque fonction physique, qu’il s’agisse de serrer la main, de faire un pas ou de lire un livre, il existe une signature électrique qui relie la pensée à l’action. Stentrode fonctionne en identifiant chaque signature électrique, « comme un dictionnaire », pour déchiffrer l’intention de la personne afin de pouvoir exécuter la fonction.

Des expériences qui se multiplient

Mark rejoint les patients auxquels on a implanté une interface cerveau-ordinateur, comme Pat Bennett, également atteint de la maladie de Charcot, qui est parvenu à communiquer à un rythme de 62 mots par minute après avoir perdu l’usage de la parole huit ans auparavant (cf. Reparler grâce à un implant et une IA ? Les résultats de deux études indépendantes).

Selon une enquête réalisée en 2021 par le Pew Research Center, 77% des Américains interrogés sont favorable aux implants cérébraux s’ils aident les personnes paralysées. Toutefois, plus de la moitié y sont défavorables s’il s’agit de permettre aux gens de « traiter les informations plus rapidement et avec plus de précision » (cf. Patrick Hetzel : « Les neurotechnologies doivent, d’abord et avant tout, servir à guérir et à réparer »).

« Les neurotechnologies progressent à une vitesse fulgurante », a déclaré António Guterres, secrétaire général des Nations unies, lors d’une conférence internationale sur l’éthique des neurotechnologies qui s’est tenue en juillet dernier (cf. Droits de l’homme : l’ONU adopte une résolution sur l’IA). « Ces progrès sont à la fois une raison de se réjouir et une raison de se méfier. Nous devons préserver les normes éthiques et garantir la pleine protection des droits de l’homme » (cf. Un premier implant Neuralink chez l’homme, le « spectre d’un nouvel esclavage » ?).

 

Source : Daily mail, Nikki Main (28/02/2024)

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