Le 18 décembre, l’OMS a annoncé être actuellement en train d’élaborer « une directive sur la santé des personnes transgenres et de divers genres »[1], visant à « améliorer [leur] accès et [leur] utilisation de services de santé de qualité et respectueux ».
Ces lignes directrices seront articulées autour de 5 axes : « la fourniture de soins tenant compte du genre, y compris la fourniture d’hormones ; l’éducation et la formation des professionnels de santé à la fourniture de soins tenant compte du genre ; la fourniture de soins de santé aux personnes transgenres et aux personnes issues de la diversité de genre qui ont subi des violences interpersonnelles, fondés sur leurs besoins ; les politiques de santé qui soutiennent les soins tenant compte du genre, et la reconnaissance juridique de l’autodétermination de l’identité de genre ».
Les membres du groupe de travail en charge de l’élaboration de ce guide doivent se réunir du 19 au 21 février 2024. Choisis « parmi les chercheurs possédant une expertise technique pertinente, parmi les utilisateurs finaux (responsables de programmes et professionnels de santé) et parmi les représentants d’organisations communautaires trans et de la diversité de genre », la liste de ces 21 membres est publique, « conformément à la politique de l’OMS en matière de conflits d’intérêts » (cf. Prise en charge des personnes « transgenres » : un recours contre la HAS). L’instance indique que les commentaires étaient à faire parvenir avant le 8 janvier.
L’inquiétude de médecins
Suite à cette annonce, la Society for evidence based gender medicine (SEGM), un collectif de médecins et de chercheurs, s’est déclarée préoccupée.
Le collectif dénonce « la composition biaisée du groupe d’experts », « la gestion inappropriée de la période de consultation publique » et « la précipitation du processus d’élaboration des lignes directrices dans son ensemble ».
En outre, il juge que « la formulation de l’annonce ne semble pas neutre », évoquant l’objectif d’« accroître l’accès et le recours » à des interventions de changement de genre, ou celui de la reconnaissance légale de « l’identité de genre autodéterminée ». « Cela suggère que la décision de promouvoir la transition de genre dans les différents domaines sociétaux (médical, politique, juridique) a déjà été prise avant même que le groupe ne se réunisse pour examiner et interpréter les preuves », déplore la SEGM. Une étape qui pourtant doit « à la fois précéder et façonner les recommandations des lignes directrices » (cf. Genre : 140 médecins et intellectuels appellent à informer les jeunes objectivement ; Les traitements pour prévenir le suicide des personnes transgenres ? La réponse de 21 experts de 9 pays).
Craignant que cette directive ne produise « des recommandations biaisées et non fiables » (cf. Transgenres : la CAF, un organisme militant ?), le collectif appelle l’OMS à reprendre le processus en s’assurant que l’ensemble des points de vue soit représenté. A l’image des transitions qu’elle semble vouloir promouvoir, la directive n’est-elle pas toutefois déjà sur des rails ? (cf. Théorie du genre : un ancien transgenre dénonce « un prosélytisme général »)
Complément du 16/01/2024 : « Reconnaissant la nécessité de disposer de plus de temps pour les commentaires », l’OMS a indiqué le 15 janvier repousser la date limite de soumission au 2 février 2024. Tous les commentaires doivent être envoyés à hiv-aids@who.int.
[1] « Trans and gender diverse people ». Les départements de l’OMS impliqués sont Gender, Rights and Equity – Diversity, Equity and Inclusion (GRE-DEI), Global HIV, Hepatitis and Sexually Transmitted Infections Programmes (HHS), et Sexual and Reproductive Health and Research (SRH)