Selon le rapport annuel de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), 234 300 avortements, dont 218 400 en métropole, ont été pratiqués en France au cours de l’année 2022. Après une baisse en 2020-2021 due à la crise du Covid 19, les chiffres de 2022 sont les plus élevés depuis 1990 (cf. France : 223 300 avortements en 2021).
16,2 avortements pour 1000 femmes
Le nombre d’avortements pour l’année 2022 correspond à un taux de recours de 16,2 avortements pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans. Ce taux atteint 26,9 ‰ pour les femmes de 20-24 ans, et 28,6 ‰ pour les 25-29 ans. Concernant les 18-19 ans, le taux est de 16,2 ‰.
L’allongement du délai légal de recours de 12 à 14 semaines de grossesse depuis mars 2022 est une des causes de l’augmentation du nombre d’avortements, même si moins d’un cinquième des 17 000 IVG de plus qu’en 2021 serait dû à cette nouvelle mesure [1] (cf. Avortement : Les députés adoptent définitivement la PPL Gaillot).
Un avortement pour trois naissances
Après avoir connu une stabilité en 2020 et 2021, le ratio d’avortement, c’est-à-dire le rapport entre le nombre d’IVG et le nombre de naissances vivantes une année donnée, connaît une « nette augmentation » et atteint 0,32 en 2022. Autrement dit, pour un avortement, on recense seulement un peu plus de trois naissances. Une hausse due à la baisse du nombre des naissances, -2% entre 2021 et 2022, et à la hausse du nombre d’avortements, +8% sur la même période. Les ventes de pilules du lendemain sont aussi en augmentation depuis 2017. Une croissance accentuée en 2021 et 2022. Le nombre de boîtes vendues en deux ans a augmenté de 40% (cf. Gratuité de la pilule du lendemain : les paradoxes).
38% des avortements hors du secteur hospitalier
Au total, 144 600 avortements ont eu lieu au sein du secteur hospitalier en 2022. Un chiffre en baisse alors que 38% du total des avortements, soit 89 600, sont réalisés hors de ce secteur, c’est-à-dire soit par téléconsultation, soit par IVG instrumentales en centre de santé.
La méthode médicamenteuse représente 78% du total des avortements pratiqués l’année dernière, contre 68% en 2019 et 31% en 2000 (cf. IVG médicamenteuse : les mesures dérogatoires de la crise sanitaire intègrent le droit commun).
Alors que la France enregistre un nombre record d’avortements depuis 30 ans, ses promoteurs continuent pourtant à parler d’un « droit menacé ». Tous les moyens sont envisagés, de l’inscription dans la Constitution à la dépossession des Etats membres de cette compétence (cf. « L’inscription de l’IVG dans la Constitution menace la liberté de conscience du personnel médical » ; De l’Europe jusqu’aux municipalités : l’avortement, une priorité ?). Pour quoi ?
[1] « En établissement de santé, le terme des IVG est calculé à partir de la saisie de la date des dernières règles recalculée avec la datation échographique, qui est une variable obligatoire dans le PMSI », indique la Drees. Mais « l’absence de contrôle sur la saisie de la date des dernières règles induit des données aberrantes dans le calcul du terme ». « Ainsi, en 2022 comme en 2021, 3,9 % des termes sont nuls, inférieurs à cinq SA (minimum pour constater la grossesse) ou supérieurs au délai légal ». « Dans ces conditions, il est difficile de chiffrer exactement le nombre d’IVG tardives concernées par l’allongement du délai de recours à l’IVG », reconnaît la Direction.
« Les données disponibles indiquent que 2,3 % des IVG réalisées en 2022 en établissement de santé ont concerné des grossesses de 14 et 15 SA ». Mais « au vu de la proportion d’IVG avec des délais d’intervention aberrants enregistrés en 2020 et 2021 », la proportion d’IVG tardives en 2022 « se situerait probablement entre 1,3 % et 2,3 % des IVG en établissement de santé, soit moins de 1,5 % de l’ensemble des IVG », estime la Drees.
« Le détail des termes des IVG médicamenteuses réalisées hors établissement, autorisées jusqu’à neuf SA, n’est pas enregistré », précise-t-elle.
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