France : 223 300 avortements en 2021

Publié le 27 Sep, 2022

En France, 223 300 avortements ont été pratiqués en 2021, selon les derniers chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Ce qui correspond à un taux de recours de 15,5 avortements pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans. Alors que la DREES [1] titre son rapport « interruptions volontaires de grossesse : la baisse des taux de recours se poursuit chez les plus jeunes en 2021 », elle affirme que le nombre et le taux « sont globalement stables par rapport à 2020 » (cf. 222 000 avortements en 2020. Plus ou moins ?). Des chiffres pourtant tous deux en hausse.

Une baisse du taux d’avortements chez les jeunes

Les avortements sont plus fréquents chez les femmes âgées de 20 à 29 ans [2]. Mais chez les jeunes femmes de moins de 20 ans, ce taux est passé de 8,7‰ en 2014 à 4,9‰ en 2021 pour les mineures, et de 21,5‰ en 2014 à 14,3‰ en 2021 pour les jeunes de 18-19 ans. Cette baisse avait commencé avant la pandémie. Le choix de la DREES qui attire l’attention sur cette baisse alors que le nombre d’avortements a en fait augmenté interpelle. Réduire le recours à l’avortement ne serait-il pas une bonne nouvelle ? (cf. L’avortement, droit ou drame ?)

Un taux globalement en augmentation

« Le nombre d’IVG oscille depuis le milieu des années 2000 autour de 225 000 par an ». Mais, note l’agence, « le taux global de recours à l’IVG tend à augmenter, dans un contexte où le nombre de femmes en âge de procréer baisse ». Au cours des années 2010, le rapport entre le nombre d’avortements et le nombre de naissances a augmenté, « principalement » du fait de la baisse du nombre des naissances. Il est de 0,3 en 2021, comme en 2020. Ainsi, l’année dernière, on a recensé un avortement pour un peu plus de trois naissances.

L’augmentation des avortements “hors établissement”

Alors que le nombre d’avortements réalisés en établissements de santé décroît, les avortements hors établissement eux ne cessent d’augmenter. Ce phénomène s’explique notamment par les mesures prises pendant la pandémie : une prolongation censée être « exceptionnelle » du délai autorisé pour avorter, passé de sept à neuf semaines d’aménorrhée, et l’autorisation du recours à la téléconsultation. Des mesures finalement pérennisées en mars 2022 (cf. IVG médicamenteuse : les mesures dérogatoires de la crise sanitaire intègrent le droit commun).

« Depuis la création de ce nouveau forfait, 96 % des forfaits remboursés le sont au nouveau tarif, sans que l’on puisse affirmer que toutes les IVG aient atteint un délai supérieur à sept semaines », indique la DREES. Un chiffre qui montre toutefois que les femmes ont largement recours à cette prolongation. La DREES signale d’ailleurs que 76% des avortements médicamenteux sont réalisés à moins de 8 semaines d’aménorrhée. Ce qui indique en creux que 24% le sont au-delà. En ce qui concerne les téléconsultations, 748 IVG ont été dénombrées en 2020 et 971 en 2021. Un chiffre « sous-estimé » selon la DREES.

Toujours plus d’avortements médicamenteux

L’agence précise que 76% du total des avortements sont médicamenteux, ce qui représente les deux tiers des IVG dans les établissements de santé. Un chiffre en constante augmentation. En 2019, le taux des avortements médicamenteux était de 68% en 2019 et de 31% en 2000.  Une façon de banaliser l’avortement ?

Par ailleurs, « la part des IVG instrumentales pratiquées à partir de douze semaines d’aménorrhée est de 18% ». Un taux qui augmentera après le vote de la loi Gaillot ? (cf. Avortement : Les députés adoptent définitivement la PPL Gaillot)

Pérennisation de mesures censées être temporaires, prolongation du délai pour avorter quand celui pour réfléchir est supprimé, les mesures vont toutes dans le sens du “tout avortement”, en laissant de côté la prévention. Avec comme prochaine étape l’inscription d’un “droit à l’avortement” dans la Constitution (cf. Inscrire l’avortement dans la Constitution ? Les propositions se multiplient) ?

 

[1] DREES : Interruptions volontaires de grossesse : la baisse des taux de recours se poursuit chez les plus jeunes en 2021, Etudes et résultats n°1241,  septembre 2022

[2] Les taux de recours à l’avortement sont les suivants : 8,6‰ parmi les 15-19 ans, 24,8‰ parmi les 20-24 ans et 27,2‰ parmi les 25-29 ans, contre une moyenne de 12,2‰ pour les femmes de 30 à 49 ans

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