Fin de vie : 18 députés mettent la pression sur le nouveau Gouvernement

Publié le 15 Jan, 2024

Dans une lettre ouverte publiée par La Tribune hier, 18 députés de neuf groupes politiques différents [1] appellent le Gouvernement à inscrire le projet de loi relatif à la fin de vie à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, « juste après sa présentation en conseil des ministres, dès le mois de février ». Ils réclament un vote avant la fin de l’année.

Vers un « débat ordonné et éclairé au Parlement » ?

« Le temps nécessaire a été pris », s’impatientent ces députés. « Toutes les garanties sont désormais données pour entamer un débat ordonné et éclairé au Parlement ». Parmi ces « garanties », ils évoquent la Convention citoyenne sur la fin de vie. Pourtant, les critiques à cet égard ne manquent pas : « opacité sur les critères de choix des orateurs, exclusion d’ouvrages hostiles à la légalisation de l’euthanasie dans la bibliographie à disposition des conventionnels, interventions de promoteurs des systèmes belge et suisse dès le début de la procédure, absence de débat contradictoire avec les promoteurs des législations étrangères de légalisation de l’euthanasie (Belgique, Québec, Suisse), emploi systématique du terme “d’aide active à mourir” au cours des débats, discussion limitée à une heure quinze sur 27 jours de phase délibérative entre tenants et adversaires de l’euthanasie, mise à l’écart de philosophes et d’éthiciens réservés sur la légalisation de l’euthanasie, limitation de la voix des médecins à une seule matinée, refus d’organiser des visites d’unités de soins palliatifs sur le terrain » (cf. Fin de vie : un processus construit pour aboutir à légaliser l’euthanasie ?).

Autre « argument », les signataires de la tribune mentionnent aussi les « témoignages déchirants de personnes atteintes de maladies incurables en proie à des souffrances inapaisables ». Serait-il question de légiférer dans l’émotion ? (cf. La promotion du suicide et de l’euthanasie en prime time sur le service public)

« Aide active à mourir » et soins palliatifs : le secourisme « à l’envers » ou à l’endroit

« Les travaux parlementaires nous amèneront à approfondir une complémentarité qui nous paraît essentielle » entre « la nécessité de développer considérablement les soins palliatifs » et « la possibilité d’un droit à être aidé à mourir dans des circonstances d’ultime recours », affirment les 18 députés.

Deux logiques pourtant radicalement différentes comme ne cessent de le rappeler les soignants depuis de longs mois (cf. Australie : 98 millions pour l’euthanasie, 150 millions en moins pour les soins palliatifs ; Fin de vie : les infirmiers craignent « une fuite accentuée des soignants »), ou d’autres députés (cf. « Aide active à mourir » et soins palliatifs doivent être dissociés exhortent des députés). Leur voix pèse-t-elle moins ? (cf. Projet de loi fin de vie : les soignants ont l’impression de se « faire marcher dessus »; Projet de loi sur la fin de vie : « le mépris affiché à l’égard de soignants désormais qualifiés de “secouristes à l’envers” »)

Alors que le droit aux soins palliatifs est reconnu depuis 1999, ils alertent sans relâche (cf. « L’enjeu n’est même plus de développer les soins palliatifs. Il s’agit d’éviter leur écroulement »), pour leurs patients dont les témoignages sont eux-aussi « déchirants » (cf. « Savourez chaque instant » ; Fin de vie : « Les soins palliatifs pour les enfants sont souvent occultés »).

 

[1] Modem, Renaissance, Horizon, LR, PS, LFI, Écologistes, PCF, Liot

Photo : iStock

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