Des chirurgiens de l’université du Maryland ont transplanté un cœur de porc à un homme « menacé d’une mort quasi certaine à la suite d’une insuffisance cardiaque ». Vendredi, l’organe « fonctionnait bien, sans aucune machine », a indiqué l’hôpital.
Lawrence Faucette est le second patient à subir une telle expérience. Le précédent, David Bennett, n’a survécu que deux mois (cf. Décès du patient qui avait reçu un cœur de porc).
Une nouvelle tentative « en dehors d’un essai rigoureux »
Lawrence Faucette, un vétéran de la marine âgé de 58 ans ne pouvait prétendre à une transplantation cardiaque traditionnelle, en raison de divers problèmes de santé. Pour effectuer cette nouvelle tentative sur un patient vivant « en dehors d’un essai rigoureux », les chercheurs du Maryland ont dû obtenir une autorisation spéciale de la Food and Drug Administration, dans le cadre d’une procédure réservée à certains « cas d’urgence ».
Ils ont argumenté qu’ils avaient « suffisamment appris » de leur première tentative l’année dernière – « même si ce patient est décédé pour des raisons qui ne sont pas encore totalement comprises » – pour qu’il soit « judicieux » d’essayer à nouveau (cf. Xénogreffe : des précisions sur la greffe cardiaque réalisée en janvier).
Le patient, « moins proche de la mort » que le précédent, a dû de son côté reconnaître qu’il comprenait les « risques de la procédure ».
Des organes génétiquement modifiés
Dans cette nouvelle expérience, le cœur de porc, fourni par la société Revivicor, a subi dix modifications génétiques [1] « afin de le rendre plus acceptable pour le système immunitaire humain ». Les chercheurs disposent de « meilleurs tests » pour rechercher la présence de virus porcin et ont « modifié certains médicaments » (cf. Greffe d’un cœur de porc : l’organe était infecté par un virus porcin).
« C’est une sensation extraordinaire de voir ce cœur de porc fonctionner chez un humain », a déclaré le Dr Muhammad Mohiuddin, expert en xénotransplantation de l’équipe du Maryland. « Nous ne voulons rien prédire », a-t-il toutefois tempéré.
Selon Karen Maschke, chercheuse au Hastings Center, qui participe à l’élaboration de recommandations éthiques et politiques pour les essais cliniques de xénotransplantation, ce type d’« utilisation compassionnelle » sur un seul patient peut fournir des informations sur le fonctionnement de l’organe porcin, mais pas autant que des essais plus formels. Le fait que la FDA ait autorisé ce deuxième cas « suggère que l’agence n’est pas prête à autoriser le démarrage d’un essai clinique sur un cœur de porc », a-t-elle indiqué.
L’année dernière, un peu plus de 4 100 greffes de cœur ont été réalisées aux Etats-Unis, un « chiffre record » (cf. Des reins de nouveau-nés greffés à des adultes ?).
[1] suppression de certains gènes porcins et ajout de gènes humains
Source : Medical Xpress, Lauran Neergaard (22/09/2023) – Photo : iStock