En janvier dernier, des chirurgiens américains réalisaient la première xénogreffe porc-homme. David Bennett, le receveur du cœur de porc, est décédé deux mois après l’opération (cf. Xénotransplantation : un homme reçoit un cœur de porc ; Décès du patient qui avait reçu un cœur de porc). Dans un article publié par le New England Journal of Medicine le 22 juin, les chercheurs livrent de « nouveaux enseignements ». Ils y compilent de nombreuses données tentant d’expliquer le décès du patient. Aucun signe de rejet de greffe « classique », mais ils confirment la présence d’un virus porcin dans le greffon (cf. Greffe d’un cœur de porc : l’organe était infecté par un virus porcin). Associé à l’état général précaire du patient même avant la greffe et à l’administration de traitements immunosuppresseurs, ces facteurs ont contribué à l’issue fatale de la greffe. Selon les résultats de l’autopsie, le greffon avait doublé de volume à la mort du patient.
A l’avenir, le docteur Griffith, auteur principal, envisage d’autres xénogreffes, sur « un patient dans un état très avancé mais moins critique ». Pour le chirurgien, le cas de David Bennett représente « une expérience d’apprentissage importante » (cf. Greffe d’un cœur de porc : les enjeux éthiques de la transplantation).
Le Wall Street Journal affirmait vendredi que l’autorité sanitaire américaine (la FDA) travaille actuellement à l’élaboration d’un cadre pour de futurs essais cliniques de xénotransplantations. Une équipe de chirurgiens de l’université de l’Alabama a déjà fait part de ses projets dans le domaine, ainsi qu’un médecin de l’université de New York et que l’équipe ayant opéré David Bennett. Ce dernier avait fait l’objet d’une « autorisation compassionnelle », n’étant pas éligible pour une greffe cardiaque humaine. Après son décès, la FDA a encouragé l’équipe de chirurgiens à poursuivre ses essais sur des babouins.
Complément du 03/07/2023 : Une nouvelle étude publiée dans The Lancet [1] propose « l’analyse la plus approfondie à ce jour » sur ce qui a conduit à l’insuffisance cardiaque chez le premier patient ayant subi une xénogreffe d’un cœur de porc génétiquement modifié.
Une « multitude de facteurs » serait en cause, expliquent les chercheurs. Parmi eux, la présence d’un virus latent, appelé cytomégalovirus porcin (PCMV), dans le cœur du porc, « pourrait avoir contribué au dysfonctionnement de la greffe ». Toutefois, « rien ne prouve que le virus ait infecté le patient ou se soit propagé à des organes autres que le cœur », notent les scientifiques. Des « protocoles de test PCMV améliorés » ont été développés en perspective de futures xénotransplantations.
« Notre objectif est de continuer à faire avancer ce domaine alors que nous nous préparons à des essais cliniques de xénogreffes impliquant des organes de porc », précisent les chercheurs.
[1] Graft dysfunction in compassionate use of genetically engineered pig-to-human cardiac xenotransplantation: a case report, The Lancet (2023). DOI: 10.1016/S0140-6736(23)00775-4
Sources : Medscape (4/07/2022) ; Daily Mail (1/07/2022) ; Pourquoi docteur (29/06/2022) ; Medical Xpress, University of Maryland School of Medicine (29/06/2023)