Les 16 juin et 6 juillet derniers, des chercheurs de l’hôpital Langone’s Tisch de l’Université de New York ont transplanté deux cœurs de porc génétiquement modifiés chez deux personnes en état de mort cérébrale (cf. Xénogreffe : un rein de porc « transplanté » chez une femme en état de mort cérébrale ; Xénotransplantation : une deuxième expérience chez l’homme). Le premier avait de « longs antécédents » de maladie cardiaque et la seconde avait subi une transplantation au cours de sa vie.
Les chercheurs ont tout d’abord vérifié l’absence de tout virus animal « inquiétant » (cf. Greffe d’un cœur de porc : l’organe était infecté par un virus porcin). Après la xénotransplantation, les chercheurs dirigés par le Dr Nader Moazami du NYU Langone Health ont réalisé plusieurs tests, dont des biopsies de l’organe, pendant trois jours. Ce que des patients vivants n’auraient pas toléré. Ils n’ont détecté aucun signe de rejet précoce. Ils ont aussi remarqué que « les cœurs fonctionnaient normalement avec des médicaments post-transplantations standard et sans assistance mécanique supplémentaire ». Au bout de trois jours, les médecins ont débranché les « systèmes de maintien en vie ».
Vers une autorisation de la FDA ?
Le « succès » de ces greffes a poussé la Food and Drug Administration à envisager de permettre à un « petit nombre d’Américains » de se porter volontaires pour effectuer des recherches sur des personnes vivantes (cf. Xénogreffe : des précisions sur la greffe cardiaque réalisée en janvier). NYU Langone est l’un des trois centres de transplantation qui prévoient des essais. Une réunion est prévue avec la FDA en août pour discuter des conditions. « Près de 50 personnes » se sont déjà portées volontaires pour une greffe de rein de porc auprès du Dr Robert Montgomery du NYU Langone Health.
Pour le Dr David Klassen du United Network for Organ Sharing, qui supervise le système de transplantation national, les essais sur personnes en état de mort cérébrale pourraient permettre « d’affiner la conception des premiers essais sur des personnes vivantes ». Il suggère de réaliser un suivi des organes pendant une semaine, au lieu des trois jours de ces deux dernières expériences.
Par ailleurs, certains conseillers de la FDA ont déclaré qu’il serait peut-être préférable de commencer par le cœur. Car pour les reins de porc, la capacité à traiter les médicaments de la même manière que les reins humains n’a pas été démontrée.
Complément du 21/05/2024 : Des chercheurs affiliés à un de nombreuses institutions aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Arabie Saoudite et en France, ont mené de multiples tests sur deux patients en état de mort cérébrale à qui l’on a greffé des cœurs de porc génétiquement modifiés.
Ils ont pu constater des « changements dans l’expression des gènes » chez l’un des patients et « une augmentation de l’activité des cellules T et des cellules immunitaires tueuses ». Ils espèrent en apprendre davantage par la suite. Leurs conclusions ont été publiées dans les revues Nature Medicine et Med [1].
[1] Eloi Schmauch et al, Integrative multi-omics profiling in human decedents receiving pig heart xenografts, Nature Medicine (2024). DOI: 10.1038/s41591-024-02972-1 et Cellular dynamics of pig-to-human kidney xenotransplantation, Med (2024). DOI: 10.1016/j.medj.2024.05.003
Sources : The Independent, Vishwam Sankaran (14/07/2022) ; Medical Xpress, Lauran Neergaard (12/07/2022) ; Medical Xpress, Bob Yirka (20/05/2024) – Photo : iStock