Xénogreffe : un rein de porc « transplanté » chez une femme en état de mort cérébrale

Publié le 21 Oct, 2021

Aux Etats-Unis, des chercheurs « ont réussi à faire fonctionner sur un humain le rein d’un porc génétiquement modifié ». L’opération de deux heures a eu lieu le 25 septembre à l’hôpital NYU Langone de New York. Le porc avait été préalablement génétiquement modifié, pour éviter un rejet de greffe[1]. Le rein « n’a pas été à proprement parler implanté à l’intérieur d’un corps humain, mais a été connecté aux vaisseaux sanguins d’une patiente en état de mort cérébrale[2] dont la famille avait autorisé l’expérimentation[3], au niveau du haut de sa jambe ». Les chercheurs l’ont laissé en place deux jours et demi, au cours desquels il a « bien fonctionné », produisant urine et créatinine. Le respirateur artificiel de la patiente a ensuite été arrêté. « Ce qu’il se serait passé après trois semaines, trois mois, trois ans, cela reste une question », commente Robert Montgomery, directeur de l’Institut de transplantation de NYU Langone, conscient des « limites » de l’expérience.

Une telle opération (xénogreffe) a déjà été menée chez les primates, le rein ayant fonctionné durant un an (cf. Des chirurgiens réalisent des greffes d’organes cochons-primates ; Xénotransplantation : Des babouins survivent plus de six mois avec un cœur de porc). Chez l’homme, ce type de transplantation s’était jusque là soldé par des échecs.

Le porc est utilisé pour sa taille, sa croissance rapide et ses portées nombreuses. « C’est aussi plus acceptable [que les singes] car on utilise déjà les porcs pour l’alimentation » complète Robert Montgomery. Les valves cardiaques et la peau du porc sont également déjà utilisées en médecine humaine (cf. Greffe de peau de porc à l’homme : un essai mené aux Etats-Unis). Pour l’expérience américaine, le porc a été développé par l’entreprise Revivicor, filiale de l’United Therapeutics Corp.

Selon l’équipe de chercheurs, « des essais cliniques plus larges pourraient débuter d’ici ‘un an ou deux’ ». Mais une partie de la communauté scientifique a « accueilli la nouvelle avec prudence », attendant la publication des résultats prévue le mois prochain. Tous s’accordent sur la durée trop brève de l’expérimentation.

Karen Mashke, chercheuse au Hastings Center, a déclaré que ces xénogreffes pourraient être inacceptables pour certaines personnes, notamment en raison du « bien être animal ». Pour elle, l’autre question est : « Devrions nous faire cela simplement parce que nous le pouvons ? »

 

[1] Sans cette modification, les anticorps humains reconnaissent et s’attaquent à un sucre présent sur toutes les cellules porcines.

[2] Présentant des signes de dysfonctionnement rénal

[3] Selon les informations fournies par l’équipe, la femme avait souhaité faire don de ses organes, mais ils n’étaient pas compatibles avec un « don traditionnel ».

Sources : AFP (20/10/2021) ; Cnews (20/10/2021) ; MIT, Charlotte Jee (20/10/2021) ; Medical Press, Carla K Johnson (20/10/2021)

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