Alors que le Parlement européen vient de voter un assouplissement des règles en faveur des « nouveaux OGM » (cf. NTG : le Parlement européen assouplit les règles), l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) recommande, dans un avis publié le 6 mars, une évaluation « au cas par cas » des « risques sanitaires et environnementaux » de ces plantes issues des nouvelles technologies génomiques (NTG ou NBT), avant toute mise sur le marché. Le rapport d’experts supervisé par l’agence a été finalisé le 11 décembre 2023, mais l’avis formel a été signé le 22 janvier, et transmis au Gouvernement sans toutefois pouvoir être publié début février comme ce qui était prévu (cf. Nouvelles techniques génomiques : une proposition de règlement « sans justifications scientifiques » pour l’Anses).
A Bruxelles, la France et la majorité des eurodéputés Renew avaient défendu une position opposée à celle de l’Anses, estimant que les NTG portant moins de vingt modifications génétiques et répondant à des « objectifs de durabilité » pouvaient être dispensées d’évaluation.
Dans ce document de plus de 300 pages, les experts de l’agence plaident également en faveur d’un « plan de surveillance, post-autorisation, des risques environnementaux », par un organisme indépendant du semencier. Au cours de l’expertise lancée en 2021, ils ont passé en revue environ 400 applications commerciales de plantes NTG qui sont pour la plupart en cours de développement. D’après leurs conclusions, « la tolérance à des herbicides concerne moins de 7 % des applications (…) alors que ce type de caractère est le plus fréquent parmi les plantes issues de la transgénèse ». Le principal outil utilisé par les NTG étant CRISPR, les experts ont tenu à rappeler dans l’avis que la précision de ces « ciseaux moléculaires » n’était pas parfaite, et que plusieurs études rapportaient des « effets hors cible non désirés ».
Ils ont également mené plusieurs études de cas, entre autres sur le riz à taille réduite, le blé à teneur plus faible en gluten, la pomme de terre tolérante à un herbicide, la vigne résistante à la pourriture grise, ou la tomate à haute teneur en acides aminés (cf. Etats-Unis : feu vert du ministère pour des tomates éditées génétiquement). Ils ont noté « des risques liés à une modification inattendue de la composition de la plante pouvant générer des problèmes nutritionnels, d’allergénicité, de toxicité, ou des risques environnementaux à moyen et long terme, comme le risque de flux de gènes édités vers des populations sauvages ou cultivées compatibles ». Or, la grande diversité des plantes qu’il est possible de modifier pourrait accroître les risques de transferts de gènes modifiés. Il existe également un risque de bouleverser les interactions entre animaux et plantes NTG.
Sources : Le Monde, Stéphane Foucart (05/03/2024) ; AFP (06/03/2024)