IA : un algorithme pour détecter les anomalies chromosomiques

Publié le 24 Jan, 2023

Les scientifiques de l’université de médecine de Weill Cornell, située à New York, ont proposé l’utilisation d’un algorithme d’intelligence artificielle (IA), Stork-A, pour contrôler la « qualité » des embryons obtenus par fécondation in vitro[1]. Depuis 1982, plus de 400.000 enfants sont nés par FIV en France (cf. Plus de 123.000 tentatives de PMA en 2020). Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue The Lancet Digital Health.

La multiplication des cribles

Avec une précision de 70%, cet outil permettrait de dépister une aneuploïdie, c’est-à-dire une anomalie du nombre de chromosomes (cf. Trisomie 21 : une intelligence artificielle pour cribler les échographies). Le taux de détection s’élève à 77,6% pour une « aneuploïdie complexe », c’est-à-dire quand l’anomalie concerne plus d’un chromosome.

Pour fonder son résultat, l’IA analyse des images d’embryons âgés de 5 jours en les croisant avec d’autres données comme l’âge de la mère (ou de la donneuse d’ovocyte) et des informations relevées au cours du processus de FIV. Stork-A est une technique non invasive. Les chercheurs envisagent son utilisation en complément du diagnostic préimplantatoire des aneuploïdies (DPI-A) qui, lui, nécessite une biopsie embryonnaire puis un test ADN [2]. Les mailles du filet se resserrent encore un peu plus.

Les aneuploïdies, accusées des échecs de la FIV

Pour justifier ce test, les développeurs invoquent le fait qu’une anomalie du nombre de chromosomes serait une des principales causes des échecs de la FIV. Une hypothèse largement controversée. En 2021 une étude publiée dans Nature Cell Biology démontrait l’invalidité du DPI-A (cf. DPI-A : une étude démontre son invalidité). Un test « obsolète » selon Ali H Brinvalou, directeur du laboratoire d’embryologie à l’Université Rockefeller.

Lors de la dernière révision de la loi de bioéthique, le DPI-A n’a pas été voté (cf. « Si on va vers le DPI-A, collectivement, on accepte que toute notre société est intolérante au handicap »). Pourtant l’Inserm ne se détourne pas de la technique, rebaptisée pour l’occasion EPRADE (évaluation préimplantatoire de l’aptitude au développement embryonnaire) (cf. DPI-A : le comité d’éthique de l’Inserm contourne le législateur).

Pour l’instant l’algorithme, évalué sur des données indépendantes provenant notamment d’une clinique de PMA espagnole, est encore au stade expérimental. Des essais cliniques supplémentaires et une approbation de la Food and Drug Administration sont nécessaires avant sa mise sur le marché américain. Comme pour le DPNI, nul doute qu’il sera juteux (cf. DPNI : Bataille juridique et financière autour d’un brevet).

 

[1] Futura Sciences, Julie Kern, FIV : la qualité chromosomique des embryons pourrait être contrôlée par une IA (23/12/2022)

[2] Quotidien du Médecin, Charlène Catalifaud, AMP : l’intelligence artificielle pour améliorer la sélection des embryons (22/12/2022)

Photo : iStock

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