DPI-A : une étude démontre son invalidité

Publié le 26 Mai, 2021

Dans certains pays, au cours d’un processus de PMA, le diagnostic préimplantatoire des aneuploïdies (DPI-A) est pratiqué[1]. Il vise à analyser le génome des embryons obtenus par fécondation in vitro, pour repérer ceux qui comportent un nombre anormal de chromosomes. Ces embryons sont éliminés, au motif qu’ils se développeraient mal et provoqueraient des fausses couches. Or ces embryons « prétendument défectueux se corrigent d’eux même pendant la grossesse », conclut une étude publiée dans Nature Cell Biology[2]. Ali H Brinvalou, directeur du laboratoire d’embryologie à l’Université Rockefeller, n’hésite pas à déclarer : « ce test est obsolète ».

Norbert Gleicher, gynécologue-obstétricien directeur du Center for Human Reproduction[3], a commencé à avoir des doutes sur le DPI-A en voyant le nombre élevé d’embryons aneuploïdes détecté, y compris chez des femmes jeunes. « Convaincu que le test était inexact », il a alors implanté des embryons prétendument anormaux chez des femmes consentantes de sa clinique. Leurs taux de fausses couches ne s’est pas avéré différents de ceux des femmes ayant reçu des embryons triés par DPI-A. « Nous avons désormais des centaines, sinon déjà des milliers de bébés en bonne santé nés de tels transferts dans le monde », estime le docteur Norbert Gleicher.

S’associant avec Ali H Brinvalou, il a démontré ces résultats dans une récente étude pour laquelle 32 femmes ont accepté de recevoir des embryons aneuploïdes. Quelques mois plus tard, des tests de diagnostic prénatal ont confirmé que toute trace d’aneuploïdie avait disparu. Ils ont également remarqué que les cellules aneuploïdes étaient éliminées par l’embryon, mais restaient dans le tissu destiné à devenir le placenta. Or on sait effectivement « depuis des décennies que le placenta contient souvent des îlots de cellules chromosomiquement anormales, alors que le fœtus est tout à fait ‘normal’ ».

S’il reste encore beaucoup à apprendre sur l’autocorrection des embryons, Ali H Brinvalou espère que ces résultats « encourageront les cliniques de FIV à se détourner du DPI-A ».

[1] NDLR: En France, si le diagnostic préimplantatoire est déjà autorisé pour les couples ayant un risque avéré de transmission d’une maladie génétique, il ne s’étend pas aux aneuploïdies. Le DPI-A a suscité de nombreux débats lors des précédents examens du projet de loi bioéthique. Certains députés ont en effet demandé par voie d’amendement l’extension du DPI aux aneuploïdies, qui ne sont pas en principe, héréditaires. Les parlementaires ont finalement rejeté explicitement le DPI-A du projet de loi bioéthique. Mais le gouvernement a lancé en parallèle un programme hospitalier de recherche pour évaluer cette technique et son impact sur l’amélioration du taux de grossesse par FIV. Le tri des embryons en éprouvette en raison de leur caryotype n’est donc pas écarté définitivement

[2] Min Yang et al, Depletion of aneuploid cells in human embryons and gastruloids, Nature Cell Biology (2021). DOI: 10.1038 / s41556-021-00660-7

[3] Centre de fertilité à New York

Source : Phys.org, Université de Rockefeller (25/05/2021)

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