Des tomates CRISPR enrichies en vitamine D

Publié le 24 Mai, 2022

Des chercheurs du John Innes Centre au Royaume-Uni ont édité génétiquement des tomates afin d’augmenter la provitamine D3 présente dans les fruits et les feuilles des plants de tomates (cf. Japon : une variété de « tomates CRISPR » mise sur le marché). Celle-ci a ensuite été convertie en vitamine D3 par l’exposition aux rayons UVB. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature Plants[1].

Ces résultats interviennent alors qu’au début du mois, le gouvernement britannique a annoncé une étude officielle visant à déterminer si les aliments et les boissons devraient être enrichis en vitamine D « pour lutter contre les inégalités en matière de santé ». La vitamine D est fabriquée dans notre corps après l’exposition de la peau aux rayons UVB, mais sa principale source est l’alimentation. L’insuffisance en vitamine D induit un risque plus élevé de cancer, de démence et d’autres pathologies. 40% des Européens souffrent d’une telle insuffisance.

Dans leurs feuilles et à des niveaux très faibles, les tomates contiennent naturellement l’un des éléments constitutifs de la vitamine D3, appelé provitamine D3 ou 7-déhydrocholestérol (7-DHC). La provitamine D3 ne s’accumule normalement pas dans les tomates mures. Les chercheurs ont utilisé l’outil CRISPR-Cas 9 pour modifier le code génétique des plants de tomates afin que la provitamine D3 s’accumule dans le fruit. Ils ont obtenu des fruits contenant l’équivalent en vitamine D de deux œufs de taille moyenne. Leur teneur en vitamine D pourrait être encore augmentée par une exposition prolongée aux UVB, par exemple lors du séchage au soleil, estiment les chercheurs.

Vers la commercialisation ?

Les feuilles contenaient quant à elle jusqu’à 60 fois[2] l’apport quotidien recommandé en vitamine D. Ces feuilles pourraient être utilisées pour fabriquer des compléments alimentaires, suggèrent les chercheurs. D’après leurs travaux, l’édition génétique n’a eu « aucun effet sur la croissance, le développement ou le rendement des plants de tomate ». Et le procédé pourrait être appliqué à d’autres plantes comme l’aubergine, la pomme de terre ou le poivron.

Un projet de loi sera présenté mercredi 25 mai pour autoriser la culture commerciale de plantes éditées génétiquement en Angleterre. Liz O’Neill, directrice du groupe opposé aux OGM GM Freeze, avertit : « Des erreurs peuvent se produire. D’autres modifications peuvent être introduites » (cf. CRISPR-Cas9 : des effets « off target » plus nombreux et difficiles à détecter). « La génétique n’est pas comme un Lego, insiste-t-elle. Il s’agit de nouvelles techniques, qui se sont développées très rapidement, ce qui signifie qu’il y a énormément de choses qui peuvent mal tourner. »

 

[1] Cathie Martin et al, Biofortified tomatoes provide a new route to vitamin D sufficiency, Nature Plants (2022). DOI: 10.1038/s41477-022-01154-6www.nature.com/articles/s41477-022-01154-6

[2] par gramme de poids sec

Sources : Phys.org, John Innes Centre (23/05/2022) ; BBC, Pallab Ghosh (23/05/2022)

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