Une équipe de biologistes de Rothamsted Research, de l’université de Bristol et de Curtis Analytics Limited a utilisé l’outil d’édition de gènes CRISPR-Cas9 pour éliminer le gène de l’asparagine[1] dans du blé cultivé en plein champ. L’objectif est de « réduire le risque de cancer » chez les personnes qui consomment des aliments fabriqués à partir de plantes produisant ce composé (cf. Les traitements utilisant CRISPR-Cas9 pourraient augmenter le risque de cancer). L’équipe a publié ses travaux dans la revue Plant Biotechnology Journal[2].
L’acide aminé appelé asparagine n’est pas dangereux en soi. C’est quand il atteint 120°C qu’une réaction chimique aboutit à la production d’acrylamide, un agent cancérigène. Plus le pain est grillé, plus il en contient.
Les chercheurs britanniques ont cherché à réduire la quantité produite dans du blé indépendamment des conditions météorologiques. En 2021, ils avaient déjà utilisé CRISPR-Cas9 pour supprimer le gène responsable de la production de l’acide aminé dans les plants de blé. Dans cette nouvelle recherche, le blé a été cultivé « dans des conditions agricoles normales ». Les tests ont montré qu’une fois le grain moulu en farine et cuit, la quantité d’acrylamide était « jusqu’à 45% inférieure » à celle des pains normaux.
La multiplication de produits édités génétiquement
Les scientifiques doivent encore effectuer des tests en matière de goût. Ils estiment qu’il leur faudra 5 à 10 ans avant de produire une variété commerciale. Un deuxième essai est en cours pour voir si l’élimination d’un deuxième gène peut conduire à des niveaux encore plus bas d’acrylamide.
De plus en plus de produits destinés à la consommation humaine font l’objet d’édition génétique (cf. Japon : une variété de « tomates CRISPR » mise sur le marché; Et maintenant une « bière CRISPR » ?). Ainsi, en Inde, c’est le cas de pommes de terre résistantes à un type de moisissure, de bananes enrichies en fer, ou encore de moutarde.
En la matière, l’Académie qui doit émettre des recommandations à destination du gouvernement prône un « progrès raisonné, choisi, partagé » (cf. NBT : Des eurodéputés alertent la Commission).
[1] L’asparagine est produite par les vaches et se retrouve à la fois dans le lait et la viande, ainsi que dans de nombreux poissons. Elle est également produite par de nombreuses plantes, comme les pommes de terre et les asperges, et par de nombreuses céréales complètes, dont le blé.
[2] Sarah Raffan et al, Field assessment of genome edited, low asparagine wheat: Europe’s first CRISPR wheat field trial, Plant Biotechnology Journal (2023). DOI: 10.1111/pbi.14026
Sources : Phys.org, Bob Yirka (15/02/2023) ; The Telegraph, Sarah Knapton (13/02/2023) ; Times of India, Sudhakar Reddy (16/02/2023) ; L’Opinion, Emmanuelle Ducros (15/02/2023) – Photo : Franck Oschatz de Pixabay