Lisa Pisano, une femme du New Jersey de 54 ans, est devenue la seconde patiente vivante à recevoir une greffe de rein de porc. L’annonce a été faite le 24 avril par une équipe américaine de l’hôpital NYU Langone Health.
La patiente souffrait à la fois d’insuffisance cardiaque et d’une maladie rénale en phase terminale. Elle était inéligible à une greffe de rein traditionnelle. Deux interventions successives ont été pratiquées. Le 4 avril, une pompe cardiaque lui a d’abord été implantée afin d’améliorer sa circulation. Le 12 avril, la xénogreffe de rein a ensuite été réalisée. Pour la première fois, un morceau du thymus du porc a également été implanté lors de l’opération afin d’aider le système immunitaire de la patiente à accepter le tissu étranger. Une procédure combinée inédite (cf. Double greffe cœur – thymus chez un nourrisson de 6 mois).
Quatrième fois qu’une personne vivante reçoit un organe de porc
Lisa Pisano est encore hospitalisée. « Douze jours après la transplantation, sa fonction rénale est parfaite et elle ne présente aucun signe de rejet » indique le Dr Robert Montgomery, directeur du NYU Langone Transplant Institute, qui a dirigé l’opération de transplantation. Les médecins continuent toutefois à surveiller de près la patiente, le risque de rejet étant plus important dans le cadre des xénotransplantations que lors d’une transplantation de rein humain.
C’est la quatrième fois qu’une personne vivante reçoit un organe de porc. En 2022 et en 2023, deux hommes ont reçu une transplantation de cœur au centre médical de l’université du Maryland, mais ils sont tous deux décédés quelques mois après (cf. Greffe de cœur de porc : décès du 2e patient transplanté). Il y a un mois, Richard Slayman a été la première personne vivante à recevoir une greffe de rein provenant d’un porc génétiquement modifié (cf. Xénotransplantation de porc : premier rein transplanté chez un patient vivant). Selon Leonardo Riella, directeur médical de la transplantation rénale au Massachusetts General Hospital, le patient se porte toujours bien.
Ces xénogreffes ont été réalisées dans le cadre d’opérations « compassionnelles » autorisées par la FDA afin de permettre à des patients souffrant de maladies mortelles de recevoir des thérapies expérimentales en dehors d’essais cliniques.
Une seule modification génétique
Pour éviter les rejets, les porcs subissent des modifications génétiques. Le rein implanté chez Lisa Pisano provient d’un porc qui n’a eu qu’une seule modification génétique, effectuée par United Therapeutics Corporation, afin d’inactiver le gène responsable de la production d’un sucre spécifique, alpha-gal, qui peut déclencher un rejet immédiat de l’organe. « La plupart des autres modifications peuvent être remplacées par des médicaments disponibles pour les êtres humains » explique le Dr Robert Montgomery.
Le rein utilisé pour Richard Slayman présentait, lui, 69 modifications. La plupart de celles-ci permettaient d’éviter que des virus porcins ne soient transmis au patient, et dix d’entre elles visaient à empêcher le rejet de l’organe.
L’utilisation d’un porc ayant subi une seule modification génétique permet de simplifier la « production des porcs ». « Plus c’est simple, en théorie, plus il sera facile de reproduire et d’élever ces animaux » explique Jayme Locke, chirurgien transplanteur à l’université d’Alabama à Birmingham. Alors que les porcs présentant une seule modification génétique peuvent être élevés, les porcs présentant de nombreuses modifications doivent être clonés, explique le Dr Robert Montgomery. Il n’est toutefois pas sûr qu’une seule modification suffise à prévenir les rejets.
Source : MIT, Cassandra Willyard (24/04/2024)