Australie : premier don d’organes après euthanasie

29 Sep, 2023

Pour la première fois en Australie, les organes d’une femme de l’Etat de Victoria ont été prélevés après euthanasie.

Agée de 66 ans, Marlene Bevern, une infirmière, souffrait d’une forme agressive de la maladie du motoneurone (MND). Ses poumons, son foie et ses deux reins ont été transplantés. Elle a également fait don de ses yeux et de ses tissus à la recherche sur la pathologie dont elle était atteinte.

Aucun protocole n’était prévu, puisqu’il s’agit d’une première dans le pays. Le principal « obstacle éthique » a été de s’assurer qu’il n’y avait pas eu de pressions, et de déterminer si l’Australienne pouvait donner ses organes.

Le directeur médical de Donate Life Victoria, le Dr Rohit D’Costa, indique que les prélèvements effectués sur Marlene Bevern ont relancé le débat sur le don d’organes dans l’Etat de Victoria. « Nous aimerions que le don d’organes soit considéré comme faisant partie de la prise en charge en fin de vie » explique le praticien.

Des recommandations en vue du don d’organes après euthanasie ont déjà été publiées avant l’été dans The Medical Journal of Australia (cf. Dons d’organes après euthanasie : et maintenant en Australie ?). Le Dr D’Costa a toutefois ajouté qu’un « cadre éthique clair » devrait être mis en place. « Les discussions sur le don d’organes ne devraient avoir lieu qu’une fois le processus d’évaluation de la VAD [1] terminé » a-t-il notamment indiqué.

« Alléger la liste d’attente » pour les transplantations d’organes ?

Le praticien estime que, chaque année, 15 patients demandant l’euthanasie pourraient être « éligibles » au don d’organes dans l’Etat de Victoria, ce qui pourrait contribuer à « alléger la liste d’attente » pour les transplantations d’organes dans le pays. Il précise toutefois que la plupart des personnes dont la demande d’euthanasie a été acceptée ne peuvent généralement pas donner leurs organes. C’est en particulier le cas des patients qui souffrent d’un cancer en phase terminale, et qui représentent 76 % des cas d’« aide volontaire à mourir » dans l’Etat de Victoria.

Le don d’organes après euthanasie a déjà été pratiqué dans d’autres pays : au Canada (cf. Québec : 15% des donneurs d’organes ont été euthanasiés), en Belgique, en Espagne (cf. Espagne : 7 euthanasies, 23 transplantations) et aux Pays-Bas .

En 2017, l’Etat de Victoria a été le premier à légaliser l’« aide volontaire à mourir » en Australie (cf. Dans l’Etat de Victoria en Australie, l’escalade des demandes d’euthanasie). Un examen quinquennal de la loi est prévu.

L’euthanasie a depuis été légalisée dans le Queensland, en Australie-Méridionale, en Australie-Occidentale et en Tasmanie (cf. Australie : les Territoires autorisés à légiférer sur l’euthanasie). La loi l’autorisant en Nouvelle-Galles du Sud entrera, elle, en vigueur en novembre (cf. Australie : la Nouvelle-Galles du Sud légalise l’euthanasie). Elle n’est pas encore autorisée en revanche dans le Territoire du Nord et dans le Territoire de la capitale australienne (cf. Euthanasie : vers une loi très permissive dans la capitale australienne ?).

 

[1]« voluntary assisted dying » ou VAD est la terminologie adoptée en Australie

Sources : Bioedge, Michael Cook (27/09/2023) ; ABC (21/09/2023)

 

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