Québec : 15% des donneurs d’organes ont été euthanasiés

9 Fév, 2023

D’après les données de Transplant Québec publiées hier, « près de 15% » des donneurs d’organes « ont préalablement eu recours à l’aide médicale à mourir » en 2022.

« La pratique du don d’organes dans un contexte d’aide médicale à mourir est récente », indique Sylvain Lavigne, directeur des soins infirmiers et du soutien aux établissements chez Transplant Québec, dans un communiqué. Les deux premiers cas ont été recensés en 2017. Outre le Québec, la Belgique, les Pays-Bas, le Canada et l’Espagne autorisent le don d’organes après une euthanasie ou un suicide assisté (cf. Euthanasie et dons d’organes : les “résultats” de l’Espagne).

Cela « nécessite des adaptations importantes aux pratiques habituelles de Transplant Québec et des établissements de santé, notamment par le fait que le donneur est conscient et apte à donner lui-même son consentement », précise Sylvain Lavigne.

Vers un essor de la pratique ?

Le nombre de donneurs d’organes a triplé au cours des cinq dernières années. L’année dernière, Transplant Québec a recensé un « nombre record » de demandes. 483 Québecois ont reçu un don d’organes[1].

Selon le rapport annuel publié par la Commission sur les soins de fin de vie, le nombre de procédures d’« aide médicale à mourir » est en croissance dans la province (cf. Québec : plus de 5% des décès par euthanasie ou suicide assisté). « Il s’agit non seulement d’une occasion d’augmenter le nombre de donneurs d’organes au Québec, mais aussi d’une opportunité incroyable de permettre à un plus grand nombre de personnes de bénéficier d’une greffe », estime Martine Bouchard, la nouvelle directrice générale de Transplant Québec.

Complément du 29/01/2024 : Selon des données publiées le 29 janvier dans le Canadian Medical Association Journal [2], entre janvier 2018 et décembre 2022, 64 personnes au Québec ont fait don de leurs organes après avoir eu recours l’« aide médicale à mourir » (AMM). Sur cette période, Transplant Québec a reçu 245 dossiers de donneur potentiel « en contexte d’AMM ». Parmi les personnes référées, 82 ont été retenues dont 64 jugées médicalement aptes. Au total 182 organes ont été prélevés, soit 2,9 organes par donneur en moyenne. Il s’agissait principalement des reins mais aussi des foies et des poumons. Parmi les 163 personnes qui n’ont pas fait de don, 56% ont été exclues en raison de problèmes de santé, 21% ont refusé de mourir à l’hôpital or c’est un critère du don d’organes, 13% ont choisi de ne plus recourir à l’AMM et 4% sont décédés avant de prendre une décision. Transplant Québec souhaite que le Parlement lance une consultation non partisane sur le don d’organes. « Un exercice justifié à ses yeux par la faible “performance” du Québec en la matière » explique-t-il.

 

[1] A partir de 171 donneurs décédés au Québec qui ont donné 584 organes.

[2] Organ donation after medical assistance in dying: a descriptive study from 2018 to 2022 in Quebec, Matthew J. Weiss, Mathilde Dupras-Langlais, Marie-Josée Lavigne, Sylvain Lavigne, Annie-Carole Martel and Prosanto Chaudhury, CMAJ January 29, 2024 196 (3) E79-E84; DOI: https://doi.org/10.1503/cmaj.230883

Sources : TVA nouvelles (08/02/2022) ; Canada Today, Natalia Lee (08/02/2023) ; Radio canada, Mélanie Meloche-Holubowski (29/01/2024) ; La Presse Ca, Camille Bains (29/01/2024) ; Le Devoir, Isabelle Porter (29/01/2024)

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