La société de biotechnologie eGenesis affirme avoir réalisé 17 xénotransplantations de reins de porc chez des macaques. Il s’agit de « la plus grande cohorte de primates non humains » pour ce type de recherche, affirme l’entreprise qui annonce une prochaine publication dans la revue Nature Communications.
Les singes ont « survécu plus de 60 jours » après avoir reçu des reins de porcs [1] produits par eGenesis et conçus pour éviter le rejet d’organe et « éliminer le risque de transmission virale » (cf. Chimères hommes-animaux : des associations de défense des animaux s’insurgent). « Nos résultats fournissent des preuves supplémentaires de la capacité des reins xénotransplantés à assurer une fonction physiologique normale sur de longues périodes », affirme le Dr Katherine Hall, directeur de recherche chez eGenesis. « Ils permettent également de déterminer les domaines à surveiller », ajoute-t-elle, indiquant que la société s’apprête à lancer des études cliniques (cf. Xénogreffe : des cœurs de porc transplantés chez deux personnes en état de mort cérébrale).
Pallier un manque d’organes ?
Les maladies rénales chroniques touchent entre 8 et 16% de la population mondiale, et « la demande de reins issus de donneurs dépasse de loin l’offre ». Des chercheurs envisagent la xénotransplantation, c’est-à-dire la transplantation d’organes d’une espèce à une autre, comme solution. Les reins de porc sont « semblables aux reins humains », en termes de taille et de fonction, justifient-ils (cf. Un chercheur allemand se lance dans l’élevage de porc pour les xénogreffes).
En outre, les scientifiques utilisent des technologies d’édition de gènes afin de produire des organes « présentant des propriétés favorables », notamment « une immunogénicité réduite et l’inactivation des agents pathogènes endogènes ».
Complément du 18/07/2023 : eGenesis a commencé à transplanter des cœurs de porcs génétiquement édités à des bébés babouins. Une étude qui « devrait ouvrir la voie » à des procédures similaires chez les nourrissons dès l’année prochaine, indique Eli Katz, médecin chef chez eGenesis.
D’ici là les scientifiques vont « s’entrainer » sur 12 babouins. Deux opérations ont déjà été pratiquées. Aucun des deux animaux n’a survécu plus de quelques jours.
La société a développé une technique qui effectue 70 modifications du génome du porc avec l’outil CRISPR, ce qui permettrait de transplanter ces organes animaux chez l’homme selon l’entreprise.
[1] Yucatan minipigs
Sources : AP news (13/06/2023) ; MIT Technology review, Jessica Hamzelou (17/07/2023)