Chimères hommes-animaux : des associations de défense des animaux s’insurgent

Publié le 8 Juil, 2020

Insérer des cellules animales dans un embryon humain, ou ajouter des cellules humaines dans un embryon animal, le principe même des chimères vient rendre floue la délimitation entre humains et animaux, sans prendre en compte les « risques sanitaires et éthiques liés à un tel franchissement de la barrière des espèces ». Dans le texte initial du projet de loi de bioéthique, l’article 17 autorisait pour la première fois en France la création d’embryons chimériques, interdisant seulement l’adjonction de cellules animales dans un embryon humain. Le Sénat a supprimé cet article, mais le texte doit encore passer en deuxième lecture à l’Assemblée Nationale.

 

Ce sont les associations de défense des animaux qui montent aujourd’hui au créneau contre cet article transgressif. Dans une tribune publiée dans le journal La Croix, huit associations cosignataires s’insurgent contre leur instrumentalisation[1]. Elles dénoncent « ce qu’on peut imaginer de pire en termes d’exploitation et de réification de l’animal », les animaux se retrouvant « réduits à n’être que les ‘supports’ d’organes à transplanter chez des humains avant leur mise à mort » et « réduit à l’état de simple matériel ».

 

La xénotransplantation – organes humains fabriqués dans des animaux puis transplantés chez des humains – n’est encore qu’une « piste de recherche », pourtant « fort aléatoire », dont les obstacles sont « minimisés » par les chercheurs, explique le collectif. D’autres axes de recherches existent pourtant, bio-impression, organes artificiels, qui ne soulèvent pas les mêmes difficultés sanitaires et éthiques. Elles mériteraient d’être davantage encouragées et soutenues.

 

D’un point de vue sanitaire, l’épidémie du coronavirus, issue d’un « réservoir animal mal identifié » a tristement montré que le mélange des cellules humaines et animales de façon mal maitrisée fait courir des risques importants à la planète. « Ces cellules contiennent une multitude de génomes viraux inconnus avec lesquels les espèces ont appris à coévoluer. Mais si l’un d’eux se ‘réveille’, il n’aura même plus de barrière des espèces à franchir puisqu’il sera déjà dans le corps du receveur humain de l’organe. » Quant au point de vue éthique, les défenseurs des animaux pointent bien cette « course en avant vers toujours davantage de manipulations des génomes et des embryons, dans une logique de soumission du vivant à nos moindres caprices, sans réflexion de fond sur les implications ».

 

« Notre société consumériste perd de vue que des limites doivent être posées, rappelle le collectif, et que certains choix en faveur d’hypothétiques bénéfices individuels ne doivent pas conduire à prendre des risques collectifs démesurés. »

 

Pour aller plus loin :

Les embryons chimériques à l’heure de la révision de la loi de bioéthique

 


[1] Associations cosignataires : Estelle Boucly, Antidote Europe – Christophe Marie, Fondation Brigitte Bardot – Jean-François Legueulle, Fondation 30 millions d’amis – Frédéric Jacquemart, Groupe international d’études transdisciplinaires – Hervé Le Meur, OGM dangers – Muriel Arnal, One Voice – Christiane Laupie, Pro-Anima – Muriel Obriet, Transcience.

La Croix (07/07/2020)

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