Un implant cérébral réduit les TOC et l’épilepsie

Publié le 6 Fév, 2024

Amber Pearson, une Américaine de 34 ans, est la première patiente à s’être fait poser un implant cérébral qui lui permet de réduire à la fois ses troubles obsessionnels compulsifs (TOC) et ses crises d’épilepsie.

L’intervention a été réalisée en 2019 par les médecins de l’Oregon Health & Science University (OHSU). Après quatre années de recul, l’étude de cas a été publiée dans la revue Neuron [1]

Isolée par ses troubles

La vie d’Amber Pearson était jusque-là régie par des TOC très sévères : « se laver les mains jusqu’à en saigner, vérifier avec manie la fermeture des fenêtres, que le gaz était éteint et les appareils électriques débranchés, manger seule par peur d’être contaminée ». Ces troubles pouvaient lui prendre « jusqu’à huit à neuf heures par jour » et l’isolaient socialement.

Pour traiter ses crises d’épilepsie, qui étaient résistantes aux traitements, la patiente avait déjà subi une chirurgie « standard » consistant en l’ablation d’une partie de son cerveau d’où provenaient ses crises. L’intervention n’ayant pas réussi à empêcher toutes les crises, les médecins ont par la suite décidé de lui poser un implant cérébral (cf. Essai d’un implant cérébral pour traiter la dépression).

Amber Person a alors demandé si la technique ne pourrait pas aussi être utilisée pour ses TOC. « Puisque vous allez dans mon cerveau pour mettre une électrode et que j’ai des TOC, est-ce que vous pouvez en mettre aussi une pour les TOC ? » a-t-elle suggéré.

Une idée de la patiente

« Heureusement nous avons pris cette suggestion au sérieux » déclare le Dr Ahmed Raslan, professeur de chirurgie neurologique à l’OHSU qui a implanté le dispositif.

Le Dr Ahmed Raslan a collaboré avec Casey Halpern, également neurochirurgien, qui a mené les recherches permettant de traiter les TOC de la patiente à l’université de Stanford. L’implant cérébral de 32 millimètres a été développé par une équipe de neurologues et de bioingénieurs de l’OHSU. Il envoie une impulsion électrique lorsqu’il détecte des réactions « anormales » dans le cerveau afin de rétablir son fonctionnement.

Pour le concevoir, les médecins ont observé l’activité cérébrale d’Amber Pearson afin d’identifier des « marqueurs électriques » associés à ses TOC. L’implant a été programmé « de manière à déclencher la stimulation uniquement lorsqu’il repère ce signal » explique le Dr Raslan. Lors de sa pose, le chirurgien s’assuré que l’électrode recouvrait bien la zone du cerveau appelée noyau accumbens, qui est associée aux pulsions compulsives.

L’implant est « un appareil pour les TOC et l’épilepsie, le seul appareil au monde qui traite (ces) deux maladies » à la fois, affirme le neurochirurgien qui a réalisé l’intervention. Un programme traite l’épilepsie, un autre les TOC.

« Je suis à nouveau heureuse »

La patiente a commencé à observer une amélioration de ses TOC quelques mois après l’implantation cérébrale. Désormais, ses TOC ne lui prennent plus qu’une trentaine de minutes chaque jour.

« Je suis à nouveau heureuse et enthousiaste à l’idée de sortir, de vivre et d’être avec mes amis et ma famille, ce dont j’ai été coupée pendant des années » explique la patiente. « Je suis vraiment présente dans ma vie quotidienne et c’est incroyable » poursuit-elle. « Auparavant, j’étais constamment coincée dans ma tête, à me préoccuper de mes obsessions ».

Les troubles obsessionnels compulsifs toucheraient plus de deux millions et demi d’Américains. Une étude est en cours à l’université de Pennsylvanie pour voir comment appliquer cette technique à d’autres patients, déclare le Dr Raslan.

Les implants cérébraux suscitent de plus en plus d’engouement (cf. Implants cérébraux : l’intérêt, et les craintes, de l’Académie de médecine). Fin janvier, la société Neuralink a annoncé avoir posé un implant cérébral sur un premier patient (cf. Un premier implant Neuralink chez l’homme, le « spectre d’un nouvel esclavage » ?).

 

[1] Neuron 20 Oct, 2023 DOI: 10.1016/j.neuron.2023.09.034 Responsive deep brain stimulation guided by ventral striatal electrophysiology of obsession durably ameliorates compulsion

Sources : AFP (04/02/2024) ; Medical Xpress, Erik Robinson (26/10/2023)

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