Des chercheurs ont développé une thérapie cellulaire utilisant des cellules souches embryonnaires humaines (CSEh) destinée « à guérir ou à atténuer » les formes d’épilepsie résistant aux thérapies existantes (cf. Maladie de Parkinson : un nouvel essai clinique qui utilise l’embryon). D’abord testée sur un modèle murin, elle fait désormais l’objet d’un essai clinique de phase 1/2 chez l’homme.
Sonja Bröer, neuroscientifique et professeur à la Freie Universität Berlin, a travaillé sur le sujet au sein de la start-up de biotechnologie Neurona Therapeutics à San Francisco. L’entreprise qui développe la thérapie cellulaire NRTX-1001 vient de publier les résultats d’études précliniques dans la revue Cell Stem Cell [1].
Environ cinquante millions de personnes dans le monde souffrent d’épilepsie. Chez approximativement un tiers des patients, les crises d’épilepsie ne répondent pas au traitement médicamenteux. L’épilepsie survient lorsque des « décharges électriques excessives » se produisent dans les cellules nerveuses. Le neurotransmetteur acide gamma-aminobutyrique (GABA) peut bloquer cette « surexcitation ». Cependant, les cellules nerveuses qui sécrètent ce neurotransmetteur peuvent « dégénérer » chez les patients épileptiques, ce qui crée un déséquilibre « entre l’inhibition et l’excitation » dans le cerveau.
Dans leur publication, les chercheurs décrivent la transplantation de neurones inhibiteurs, sécréteurs de GABA. La thérapie cellulaire NRTX-1001 est dérivée d’une lignée de cellules souches embryonnaires humaines, différenciées en neurones inhibiteurs. « L’administration du NRTX-1001 à un modèle murin d’épilepsie chronique a entraîné une suppression durable et reproductible des crises, la plupart des animaux ne présentant plus aucune crise », affirment les scientifiques.
Les neurones inhibiteurs se sont « répartis dans tout le cerveau » et se sont « intégrés dans le réseau neuronal existant de l’hôte » (cf. Des organoïdes de cerveau pour étudier les troubles neurodéveloppementaux). En outre, les cellules ont « survécu à long terme ». Les chercheurs ont également observé la diminution « d’autres effets secondaires pathologiques de l’épilepsie ». Aucun effet indésirable n’a été constaté, affirment-ils. Ce sont ces résultats qui ont conduit à l’approbation de l’essai clinique chez l’homme. Les chercheurs espèrent aboutir à la « première thérapie cellulaire pour l’épilepsie » (cf. Des « embryons de synthèse » humains fabriqués à partir de CSEh).
[1] Bershteyn, M., et al. (2023). Human pallial MGE-type GABAergic interneuron cell therapy for chronic focal epilepsy. Cell Stem Cell. doi.org/10.1016/j.stem.2023.08.013.
Source : News medical, Danielle Ellis (06/10/2023)