Mercredi dernier a eu lieu la première réunion du comité national de suivi du plan ministériel 2022-2026 pour la Procréation, l’Embryologie et la Génétique humaines (PEGh). Le comité mis en place par l’Agence de la biomédecine (ABM) se tiendra plusieurs fois par an « pour suivre l’implémentation des différents axes prioritaires définis dans le plan, être à l’écoute des préoccupations du terrain et identifier les difficultés susceptibles de donner lieu à des mesures d’amélioration ».
Dans la continuité des précédentes réunions du « comité national de suivi de la mise en œuvre de la loi du 2 août 2021 dans le domaine de l’assistance médicale à la procréation (AMP) » (cf. « PMA pour toutes » : un nouveau comité de suivi, les mêmes tendances), le bilan est globalement le même : les demandes affluent et les listes d’attente s’allongent.
Une demande qui « ne faiblit pas »
Le communiqué de l’ABM indique que de 29 970 demandes de première consultation pour une PMA avec don de spermatozoïdes émanant de femmes seules ou homosexuelles ont été recensées entre la promulgation de la « PMA pour toutes », en août 2021 et le 30 juin 2023. Entre le 2e semestre 2022 et le 1er semestre 2023, la hausse est de 25 %.
Plus de la moitié des femmes seules souhaitant recourir à la PMA ont 35 ans ou plus, mais 7% ont entre 18 et 29 ans (cf. Recourir à la PMA puis trouver un conjoint : une nouvelle tendance ?).
Au 1er semestre 2023, l’ABM a relevé 2 851 premières tentatives « pour ces nouveaux publics ». La hausse est de 84,5% par rapport au semestre précédent. Fin juin, 343 naissances avaient été recensées.
Recruter des donneurs
A l’échelle nationale, le délai moyen de prise en charge [1] pour une PMA avec don de spermatozoïdes était de 15,8 mois au début de l’année. Un délai encore augmenté par rapport à la période précédente.
C’est que les demandes affluent, même si la liste d’attente s’est un peu réduite, passant de 6 170 femmes en mars 2023 à 5 430 fin juin. Ces demandes émanent en majorité de couples de femmes (41,1%) et de femmes seules (40,2%).
Pour y faire face, et en dépit des efforts de communication déployés par l’ABM pour recruter des donneurs « aux profils diversifiés » (cf. Don de gamètes, contraception : les jeunes ne méritent-ils pas qu’on les prenne au sérieux ? ; L’ABM en campagne pour le don de gamètes), l’offre change peu. Le nombre de donneurs de spermatozoïdes est resté stable en 2023, indique l’Agence.
Une attente encore supérieure pour le don d’ovocyte
Le délai d’attente pour le don d’ovocyte est lui aussi en hausse, il était de 23,8 mois au premier semestre.
Les femmes en demande sont majoritairement en couple avec un homme, pour plus de 89 % d’entre elles [2]. Au 30 juin, on dénombrait 2 315 demandes sur la liste d’attente.
Les donneuses sont, elles, en très légère hausse : de 990 sur l’ensemble de l’année 2022, elles sont passées à 506 au premier semestre 2023.
Une explosion de la demande d’autoconservation des ovocytes
Par ailleurs, l’autoconservation des ovocytes sans motif médical est « de plus en plus plébiscitée », souligne l’ABM. Entre le 2e semestre 2022 et le 1er semestre 2023, la demande a connu une hausse de 51 %. Le délai de prise en charge, de 8 mois en moyenne, était de 14 mois en juin en Ile de France, après une forte baisse [3].
Que ce soit pour la PMA ou la conservation d’ovocytes, la demande est importante. Mais ne l’est-elle pas également dans d’autres secteurs qui relèvent plus de la santé ? Alors que le Gouvernement dévoile les premiers éléments de sa future stratégie en matière de soins palliatifs, sans évoquer les moyens mis en œuvre (cf. Soins palliatifs : la promesse d’« une petite révolution », mais pas de moyens), l’Assurance maladie peut-elle se permettre la prise en charge de ces procédures ?
[1] depuis la prise du rendez-vous jusqu’à la 1ère tentative
[2] La part est de 8,9 % pour les femmes seules et 1,9 % pour les couples de femmes
[3] Il était de 24 mois fin décembre 2022
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