Don de gamètes, contraception : les jeunes ne méritent-ils pas qu’on les prenne au sérieux ?

Publié le 1 Déc, 2023

« Etre parent, c’est pleurer en voyant son enfant grandir et s’épanouir, partager avec lui des grandes joies comme des moments moins cools et l’aider à devenir une belle personne. Mais être parent, c’est aussi balancer des petits mensonges au quotidien parce que, qu’on se le dise, il y a des moments où on aimerait bien dire le fond de notre pensée, mais où la politesse nous l’interdit. On passe donc par des petites phrases détournées que tous les parents finissent par prononcer un jour. Vous êtes démasqués, mains en l’air les darons ! » Après la diffusion de vidéos promouvant l’insouciance (« grasses mat’ », soirées en discothèque et jeux vidéos), ou le don de gamètes (cf. L’ABM en campagne pour le don de gamètes), l’Agence de la biomédecine (ABM) continue sa campagne à destination des jeunes.

Une campagne tous azimuts

La campagne #FaitesDesParents s’invite sur de nouveaux supports. Dessins humoristiques sur Topito [1], « collaborations commerciales » avec des influenceurs sur Instagram, l’ABM ne lâche pas sa cible. Car pour l’Agence, les jeunes de 18 à 24 ans sont l’un des « deux publics les plus enclins à donner ».

Un ton de connivence, un langage familier, il semblerait que le don de gamètes ne doive pas être pris au sérieux, surtout à 18 ans. Pourtant ce geste n’est-il pas des plus engageants ? (cf. PMA : 434 demandes d’accès aux origines depuis 2022) D’autant plus à un âge où l’on ne conçoit pas encore de donner la vie ? « Dès lors que le don de sperme serait désormais possible dès 18 ans, à un âge où la perspective de devenir parent n’est pas dans un horizon qui importe à la vie psychique, le comble de la dénaturation de sens serait atteint », dénonce le pédopsychiatre et psychanalyste Christian Flavigny (cf. « Les jeunes », faux héros et vraies proies de notre époque). Et « ne pas fixer les limites propices à la maturation [des jeunes], à la raison de les respecter, c’est ne pas assurer la protection qui leur est due ».

Une manne financière ?

Les laboratoires Majorelle, qui s’affirment comme un « leader sur le marché de la contraception », s’inquiètent de leur côté que 5%, « seulement », des 15-25 ans aient demandé des préservatifs gratuits en pharmacie [2] (cf. France : les préservatifs gratuits pour les jeunes dès le 1er janvier). L’entreprise distribue en effet les préservatifs qui sont disponibles dans les officines. S’inquiète-t-elle pour la santé des jeunes ou pour sa rentabilité ?

Pour remédier à ce déficit, le laboratoire s’est lui aussi mis en campagne, avec réseaux sociaux et internet comme champ de bataille. Le site « pédagogique » capotes-gratuites.fr prétend informer sa cible. Tutoiement, langage familier sont encore de rigueur. Les jeunes ne méritent-ils pas mieux ?

 

[1] Topito est un groupe d’« infodivertissement » français « spécialisé dans la réalisation de classements en tout genre ». Il a été créé en 2006.

[2] Doctissimo, Magali Régnier, Seuls 5% des 15-25 ans ont demandé des préservatifs gratuits en pharmacie (28/11/2023)

Photo : Pixabay

Partager cet article

Synthèses de presse

Carmat : un « risque de dysfonctionnement » des cœurs artificiels
/ Don d'organes

Carmat : un « risque de dysfonctionnement » des cœurs artificiels

La société Carmat indique avoir identifié « chez certains patients », un « risque de dysfonctionnement » de sa prothèse ...
Canada : plus de 15 000 euthanasies en 2023, un chiffre encore en augmentation
/ Fin de vie

Canada : plus de 15 000 euthanasies en 2023, un chiffre encore en augmentation

En 2023, 15 343 personnes sont décédées suite à une « aide médicale à mourir » au Canada, ce qui ...
HAS : vers un « service public de la transition de genre » ?
/ Genre

HAS : vers un « service public de la transition de genre » ?

La HAS est actuellement en train de finaliser ses recommandations en termes de prise en charge des personnes se déclarant ...

 

Textes officiels

 

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres

Recevez notre lettre hebdomadaire

Recevez notre lettre hebdomadaire

Chaque semaine notre décryptage de l'actualité bioéthique et revue de presse.

Votre inscription a bien été prise en compte.