Parkinson : une neuroprothèse permet à un homme de remarcher normalement

Publié le 7 Nov, 2023

Des chercheurs de l’Inserm, du CNRS et de l’université de Bordeaux en France, en collaboration avec des scientifiques et neurochirurgiens suisses [1], ont mis au point une « neuroprothèse » afin de « corriger les troubles de la marche associés à la maladie de Parkinson ». Un patient prénommé Marc, âgé de 62 ans et souffrant de cette maladie depuis 27 ans, « a retrouvé une marche presque normale » (cf. Neurotechnologies : trois hommes paralysés retrouvent la faculté de marcher). Les scientifiques ont publié leurs travaux dans la revue Nature Medicine [2].

Une nouvelle approche

Les chercheurs ont développé une neuroprothèse destinée à « pallier les chutes et le phénomène de freezing – quand les pieds restent collés au sol pendant la marche ». En effet, « environ 90 % » des personnes atteintes de la maladie de Parkinson à un stade avancé présentent des troubles « invalidants » de la marche. Des troubles qui « résistent souvent aux traitements actuellement disponibles ».

Les traitements « conventionnels » visent les zones du cerveau « directement touchées par la perte des neurones producteurs de dopamine ». Cette neuroprothèse, elle, cible la région de la moelle épinière « responsable de l’activation des muscles des jambes pendant la marche ». Cette zone n’est « a priori pas directement affectée par la maladie de Parkinson ». Toutefois, la moelle épinière est contrôlée par le cortex moteur, et la perte de neurones dopaminergiques en perturbe l’activité.

« Des tentatives précédentes de stimulation de la moelle ont échoué car elles stimulaient en bloc les centres locomoteurs sans tenir compte de la physiologie, décryptent Grégoire Courtine et Jocelyne Bloch, codirecteurs de NeuroRestore. Dans le cas présent, il s’agit d’une stimulation qui se superpose au fonctionnement naturel des neurones de la moelle en stimulant, avec une coordination spatiotemporelle, les différents groupes musculaires responsables de la marche. »

Une intervention délicate

Marc, originaire de Bordeaux, a subi « une intervention neurochirurgicale de précision » il y a deux ans afin de lui implanter la neuroprothèse, composée « d’un champ d’électrodes placé contre la région de sa moelle épinière qui contrôle la marche et d’un générateur d’impulsions électriques implanté sous la peau de son abdomen ».

« Grâce à la programmation ciblée des stimulations de la moelle épinière qui s’adaptent en temps réel à ses mouvements, Marc a rapidement vu ses troubles de la marche s’estomper », indique l’Inserm. Une rééducation « de quelques semaines » a permis de restaurer « une marche presque normale ».

Ce « concept thérapeutique » a été testé chez un unique patient, tempèrent les chercheurs qui pointent le besoin d’optimiser l’implant avant un potentiel déploiement à grande échelle. La mise au point d’une « version commerciale » est effectuée en partenariat avec la société suisse ONWARD Medical. En outre, des essais cliniques sur six nouveaux patients sont prévus pour l’année prochaine.

 

[1] Erwan Bézard, neuroscientifique à l’Inserm, et son équipe à l’Institut des maladies neurodégénératives (CNRS/Université de Bordeaux), collabore depuis plusieurs années avec une équipe suisse dirigée les Pr Grégoire Courtine, neuroscientifique, et Jocelyne Bloch, neurochirurgienne, spécialisés dans le développement de stratégies de neuromodulation de la moelle épinière.

[2] Milekovic, T., Moraud, E.M., Macellari, N. et al. A spinal cord neuroprosthesis for locomotor deficits due to Parkinson’s disease. Nat Med (2023). https://doi.org/10.1038/s41591-023-02584-1

Sources : Inserm (06/11/2023) ; France Info, Anne-Laure Dagnet (06/11/2023) – Photo : Pixabay

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