« Où est ma liberté si on ne me propose que l’IMG ? »

Publié le 29 Avr, 2024

Alors que la « liberté » de recourir à l’avortement a été inscrite dans la Constitution (cf. La France inscrit l’avortement dans sa Constitution. Et ensuite ?), Charlotte Colson, 39 ans, une maman du Tarn-et-Garonne, a accepté de témoigner des pressions exercées au cours de sa grossesse pour ne pas garder son enfant porteur d’une malformation cardiaque.

« Vous avez 48 h pour nous dire si vous voulez cette interruption médicale de grossesse (IMG) » m’annonce la gynécologue au quatrième mois de grossesse alors que la naissance de mon enfant est prévue début juin 2024. Cette phrase, jetée en dix minutes dans un bureau, me transperce. Je suis enceinte de quatre mois, et les résultats de la prise de sang pour le dépistage de la trisomie sont mauvais (cf. Dépistage et diagnostic prénatal : les techniques évoluent, la trisomie 21 est toujours ciblée). Personne ne précise que l’IMG peut se pratiquer jusqu’à la fin de la grossesse en cas de handicap. Je suis oppressée. Pourquoi deux jours ?

Je décide d’attendre l’amniocentèse à Toulouse, pour prendre une décision avec mon mari. Elle doit avoir lieu un mois plus tard, sans que personne n’évoque les risques d’accouchement prématuré, potentiellement déclenché par l’examen (cf. Une amniocentèse provoque une fausse couche : fin des poursuites contre l’hôpital).

« Accueillir cet enfant n’est pas raisonnable »

Deux semaines avant la ponction de liquide amniotique, je débute tout de même un cours de préparation à l’accouchement avec ma sage-femme habituelle. « Accueillir cet enfant n’est pas raisonnable, m’alerte-t-elle, sans que je lui demande un quelconque avis. Votre dernier a 18 mois, votre fille de 7 ans est épileptique. Pensez à votre bien-être » (cf. « Le plus dur n’est pas d’attendre un enfant malade, mais de gérer l’attitude du corps médical »). Je suis ébranlée, car, malgré son handicap potentiel, je commence à m’attacher à ce petit bébé « surprise ». Et puis, je me sens jugée, manipulée, sans cesse obligée de me justifier. Où est ma liberté si on ne me propose que l’IMG ? (cf. IVG dans la Constitution : une « liberté » ne peut pas être subie)

A cinq mois de grossesse, je fais l’amniocentèse. On m’annonce que je recevrai les résultats un mois plus tard. Entretemps, mon mari consulte notre médecin traitant qui lui dresse un tableau sinistre de notre bébé. Il aurait parlé de « boulet de la société », et proposé que lui-même prenne rendez-vous, pour nous, afin de fixer l’interruption de grossesse « au plus vite ». J’ai l’impression qu’il nous considère comme des gosses inconscients, incapables de prendre une décision par nous-mêmes.

Aujourd’hui, à presque sept mois de grossesse, je n’ai toujours pas reçu les résultats complets de l’amniocentèse, mais on sait que notre petit souffre de cardiopathie. Le service de cardiologie de Toulouse nous accompagne avec beaucoup de bienveillance.

 

Ce témoignage a initialement été publié par la revue Ombres et Lumière.

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