Eradiquer des populations de moustiques porteurs de maladies (cf. Moustiques génétiquement modifiés : entre Dr Jekyll et Mr Hyde ; Moustiques OGM : les nouvelles recommandations de l’OMS ; Moustiques OGM : une nouvelle stratégie contre le paludisme), programmer la disparition de certaines espèces ou modifier des plantes agricoles résistant aux pesticides (cf. « Nouveaux » OGM : lancement d’une consultation publique par la Commission européenne), ces promesses de forçage génétique interrogent.
Cette technique entraîne, pour tout organisme ayant une reproduction sexuée qui la subit (OGF), une transmission durable et irréversible des modifications génétiques à l’intégralité de leur descendance. Une différence importante avec les OGM car, dans ce cas, la transmission ne s’effectue que de façon limitée.
Un rapport pour alerter sur les risques
Un rapport sur cette technique a été remis au Gene Drive Symposium, en mai 2019 par un groupe de douze chercheurs, proposant des solutions alternatives comme celle de l’agroécologie.
Ils pointent notamment les conséquences imprévisibles de cette technologie, les « zones d’ombre » et « le manque criant de connaissance sur la complexité des paramètres des milieux de vie naturelle ». Ils soulèvent l’absence de débat public et la « sérieuse limitation du processus d’obtention du consentement éclairé » des populations des pays concernés.
Ils dénoncent aussi le risque d’un « pouvoir de domestication de la totalité du vivant » selon les mots de la biologiste Virginie Orgozozo et du philosophe Baptiste Morizot.
La nécessité d’une réglementation
Des interrogations soulevées lors de la Convention sur la diversité biologique en 2016 à Cancún, au Mexique. Cependant, le moratoire pour « arrêter les expériences de diffusion dans l’environnement d’organismes génétiquement forcés », porté par l’association ETC Group, n’a pas été adopté (cf. Des ONG réclament un moratoire sur les techniques de “forçage génétique”).
Pourtant, les auteurs du rapport de 2019 notent « un besoin urgent d’une réglementation internationale efficace et juridiquement contraignante à propos des OGF » avec « un moratoire sur les expériences et l’utilisation du forçage génétique » (cf. Forçage génétique : 16 associations appellent à son interdiction). « Le forçage génétique impose une attention urgente » préviennent-ils.
Source : Sciences critiques, Gary Libot (20/01/2023) – Photo : Pixabay