Gene-drive : l’Uruguay veut rendre stériles des mouches

Publié le 21 Fév, 2024

En Uruguay, des chercheurs de l’Institut national de recherche agricole (INIA) ont mis au point une technique de « gene-drive » pour éradiquer des vers dévastateurs qui tuent le bétail, entraînant chaque année un coût compris entre 40 et 154 millions de dollars pour l’industrie de l’élevage (cf. OGM : « le forçage génétique impose une attention urgente »). Cette technique, rendue possible grâce à l’outil CRISPR, consiste à stimuler la transmission de certains gènes d’une génération à la suivante, pour altérer des populations nuisibles (cf. Gene-drive : Perturber génétiquement la fertilité des rats : oui, mais…). L’autorisation de tester cette technique a été accordée par le Gouvernement uruguayen en 2020 dans le cadre du programme national de lutte contre les vers blancs.

Eradiquer l’espèce

L’objectif des chercheurs est de lutter contre les mouches femelles qui s’attaquent au bétail en pondant des œufs qui éclosent et se transforment en larves vermiformes. Ces « vers du Nouveau Monde », présents notamment en Amérique du Sud et dans les Caraïbes, pénètrent dans l’animal, se nourrissant de chair et endommageant la peau, et finissent par faire mourir l’animal en l’absence de traitements. Face aux attaques de vers, le Panama a dû déclarer l’état d’urgence en matière de santé animale en juillet 2023. Ce fut également le cas au Costa Rica en février dernier.

Avec la technique du « gene-drive », les scientifiques souhaitent créer une population de vers à vis mâles dotés de versions modifiées de gènes essentiels à la fertilité des vers à vis femelles de telle sorte que lorsque les mâles modifiés seront libérés dans la nature, ils s’accoupleront avec les femelles et transmettront ce gène (cf. Moustiques génétiquement modifiés : entre Dr Jekyll et Mr Hyde ; Etats-Unis : 1,3 milliard de moustiques génétiquement modifiés pourraient être lâchés). Ainsi, au fil des générations, les femelles hériteront de ce gène et deviendront stériles, aboutissant à l’éradication de l’espèce.

Une recherche sur plusieurs années

Dans les années 1950, des chercheurs du ministère américain de l’Agriculture avaient mis au point la technique de l’insecte stérile (SIT) qui consistait à stériliser les mouches mâles à l’aide de radiations. Ces mouches dont l’ADN était endommagé étaient ensuite lâchées sur la zone infestée. Elles s’accouplaient avec les femelles permettant le ralentissement de la propagation de l’espèce. Mais cette technique est jugée trop couteuse et pas assez puissante pour éradiquer le vers à vis.

La Banque interaméricaine de développement (BID) a accordé une subvention de 450.000 dollars pour cette recherche qui en est actuellement au stade des essais en laboratoire. Selon un chercheur de l’université de Pékin, Jackson Champer, il faudra plusieurs années pour assembler le système de forçage génétique, le tester et obtenir l’autorisation de le disséminer sur le terrain. Un des chercheurs uruguayens, Alejo Menchaca, explique qu’ils ont pour objectif d’intégrer leur système dans les mouches et de valider la technologie d’ici deux à trois ans (cf. Le « Gene-drive » : un pas de plus dans l’irresponsabilité).

 

Source : MIT Technology review, Abdullahi Tsanni (16/02/2024) – Photo : Pixabay

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