Le 14 décembre, dans son message pour la 57ème Journée mondiale de la paix, le Pape François a exhorté les dirigeants du monde à adopter un traité contraignant pour règlementer le développement et l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) (cf. IA Act : la France, l’Allemagne et l’Italie se mettent d’accord ; AI Act : l’Union européenne trouve « un accord politique »). Les nouvelles technologies doivent être orientées vers « la recherche de la paix et du bien commun, au service du développement intégral des individus et des communautés » souligne-t-il.
L’ambivalence de l’IA
Le Pape insiste sur la « dimension éthique » des nouvelles technologies qui peuvent contribuer « à un meilleur ordonnancement de la société humaine, à l’accroissement de la liberté et de la communication fraternelle », mais aussi constituer « un risque pour la survie de l’humanité et un danger pour la maison commune » (cf. Intelligence artificielle : « Des risques majeurs pour l’humanité »).
Aucune recherche scientifique et innovation technologique n’est « neutre » rappelle-t-il, en expliquant qu’il en va de même pour les différentes formes d’intelligence artificielle (cf. « Potentiellement, l’IA est un outil discriminant, manipulateur de l’information et de nos décisions »). « Leur impact, quelle que soit la technologie sous-jacente, dépend non seulement de leur conception, mais aussi des objectifs et des intérêts de ceux qui les possèdent et de ceux qui les développent, ainsi que des situations dans lesquelles ils sont utilisés » analyse-t-il. Le développement de l’intelligence artificielle sera donc positif que « si nous nous montrons capables d’agir de manière responsable et de respecter les valeurs humaines fondamentales telles que “l’inclusion, la transparence, la sécurité, l’équité, la confidentialité et la fiabilité” », écrit le Pape François.
Un encadrement nécessaire de l’IA
Face aux nombreux défis « anthropologiques, éducatifs, sociaux et politiques », le Pape estime nécessaire de créer des organismes « pour examiner les questions éthiques émergentes et protéger les droits de ceux qui utilisent les formes d’intelligence artificielle ou sont influencés par elles ».
En effet, l’utilisation abusive de ces technologies peut avoir des conséquences négatives comme « la discrimination, (…) la mise en place d’une société qui surveille et contrôle les personnes, l’exclusion numérique et l’exacerbation d’un individualisme de plus en plus déconnecté de la collectivité » alerte-t-il (cf. Chine : des caméras intelligentes surveillent la concentration des lycéens ; L’intelligence artificielle comme outil de censure ?). « Pensant dépasser toute limite grâce à la technologie », l’homme court le risque, « dans l’obsession de vouloir tout contrôler, de perdre le contrôle de lui-même » met en garde le Souverain Pontife (cf. IA : Des start-ups proposent de rester en contact virtuel après la mort).
« Il ne faut pas permettre aux algorithmes de déterminer la manière dont nous entendons les droits humains, de mettre de côté les valeurs essentielles de compassion, de miséricorde et de pardon » avertit le Saint-Père. Toutefois, il souligne que l’IA peut être utilisée pour promouvoir le développement humain en introduisant « d’importantes innovations dans l’agriculture, dans l’éducation et dans la culture, une amélioration du niveau de vie de nations et de peuples entiers, la croissance de la fraternité humaine et de l’amitié sociale » (cf. Intelligence artificielle et médecine : un vrai progrès ?).
Adopter un traité international
Face à la « portée mondiale » de l’IA, le Pape François exhorte les dirigeants mondiaux à adopter un traité international contraignant qui règlemente le développement et l’utilisation de l’intelligence artificielle sous ses nombreuses formes. « Les organisations internationales peuvent jouer un rôle décisif dans la conclusion d’accords multilatéraux et dans la coordination de leur application et de leur mise en œuvre » conclut-il (cf. Intelligence artificielle : « Nous ne sommes plus dans le temps du débat intellectuel »).
Source : Vatican news, Lisa Zengarini (14/12/2023)
