Don d’organes : des inégalités entre hommes et femmes

Publié le 27 Nov, 2023

Une étude réalisée en Inde, et publiée le 15 novembre, a relevé les fortes inégalités entre les hommes et les femmes face au don d’organes. Des chercheurs ont également observé des différences en Europe.

« 80 % des donneurs vivants étaient des femmes »

Selon les résultats de l’étude menée en Inde à partir des données de l’Organisation nationale de transplantation d’organes et de tissus (NOTTO), entre 1995 et 2021, 80 % des donneurs vivants étaient des femmes, en particulier des épouses et des mères, alors que 80 % des receveurs étaient des hommes (cf. Arrestation d’un trafiquant de reins en Inde).

En 2021, un rapport de la Société asiatique de transplantation, réalisé sur la base de données provenant de 13 pays d’Asie-Pacifique, avait déjà noté qu’environ 60 % des donneurs de rein vivants étaient des femmes. La proportion de donneuses vivantes féminines dépassait de loin celle des donneurs de rein vivants masculins, excepté à Hong Kong, au Pakistan et aux Philippines. Le rapport montrait en outre que les femmes étaient moins susceptibles de recevoir une greffe que les hommes. Au Bangladesh, le pourcentage de femmes ayant reçu une greffe de rein provenant d’un donneur vivant était ainsi de 18 % seulement.

Aucune raison médicale

Selon les médecins, il n’y a aucune raison médicale justifiant que les hommes aient plus souvent besoin de greffes d’organes que les femmes. Les chercheurs expliquent ces disparités par les « pressions culturelles et économiques », mais aussi les « sociétés patriarcales » existant dans certains pays, comme l’Inde et le Bangladesh notamment.

La Société asiatique de transplantation constate d’ailleurs que la plus faible proportion de donneuses vivantes est observée aux Philippines, où elles sont 50 %. « Cela peut s’expliquer par le statut social élevé des femmes dans ce pays. Les Philippines suivent un système matriarcal » relèvent les auteurs de l’étude.

Des pressions liées à « l’ordre social »

Selon les chercheurs, en Asie, les hommes sont plus souvent considérés comme les « soutiens de famille ». Le Dr Srivari Bhanuchandra, coordinateur des transplantations d’organes à l’hôpital général d’Osmania à Hyderabad, explique ainsi que l’on considère que « si quelque chose arrive à la femme, ce n’est pas aussi grave que si quelque chose arrivait à l’homme ».

Comme d’autres praticiens, il note que des hommes préfèrent quelquefois qu’un organe soit prélevé sur leur femme, même s’ils ont un frère qui pourrait être donneur. En revanche, il est rare qu’un mari fasse don d’un organe à sa femme. Lorsque cela arrive, les médecins expliquent que celle-ci refuse parfois par « culpabilité », en raison de « l’ordre social ». « Même si la femme accepte initialement l’offre, elle subit des pressions pour ne pas l’accepter parce que les parents du mari, et même ses propres parents, la découragent », affirme le Dr Bhanuchandra. « Dans la situation inverse, lorsque le mari en a besoin, les deux parents lui disent de faire un don » ajoute-t-il.

Des disparités en Europe

Alors qu’il existe une plus grande égalité entre les sexes, ces différences ont aussi été relevées dans les pays occidentaux.

En 2022, le Comité des transplantations d’organes du Conseil de l’Europe a étudié les données d’environ 60 pays européens. Il a constaté que parmi les donneurs de reins vivants (cf. Les donneurs de reins vivants plus susceptibles de développer de l’hypertension) les femmes sont toujours majoritaires. Elles représentent 61,1% d’entre eux.

Le rapport relève également que « les hommes ont systématiquement reçu la grande majorité des organes transplantés en 2019 (65 % du total) ». Ils ont reçu « 65 % des reins, 67 % des foies, 71 % des cœurs, 60 % des poumons et 58 % des pancréas disponibles ».

Comme l’indiquent les chercheurs, davantage d’études seraient nécessaires pour véritablement comprendre ces inégalités.

 

Source : South China Morning Post, Amrit Dhillon (26/11/2023) – Photo : iStock

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