Des chercheurs fabriquent des « blastoïdes jumeaux »

Publié le 16 Avr, 2024

Des scientifiques de l’institut MERLN de l’Université de Maastricht et de l’hôpital universitaire Maastricht UMC+, aux Pays-Bas, ont étudié les conditions dans lesquelles les blastoïdes « uniques » et les blastoïdes « jumeaux » peuvent se former. Les blastoïdes sont des « embryons de synthèse » fabriqués à partir de cellules souches, semblables à des embryons au stade du blastocyste (cf. Embryoïdes, blastoïdes, MEUS : des embryons créés pour la recherche ; « Blastoïdes » : une nouvelle étude, les mêmes arguments). Ils ont publié leurs travaux dans la revue Advanced Materials [1].

Etudier la formation et le développement de jumeaux

A l’heure actuelle, on connaît mal les mécanismes qui conduisent à la formation d’embryons jumeaux monozygotes, un phénomène qui se produit plus fréquemment dans le cadre de fécondations in vitro et qui peut être associé à des complications de grossesse (cf. FIV et grossesses multiples : la manipulation des embryons en cause).

Pour générer des blastoïdes, les chercheurs ont « ensemencé » des cellules souches dans des micropuits parallèles à parois transparentes, qui se sont regroupées. En ajoutant une combinaison différente de facteurs de croissance et de produits chimiques dans chaque puits, les chercheurs ont « optimisé » les conditions de croissance des « blastoïdes jumeaux ». Les chercheurs ont constaté que l’ensemencement d’un plus grand nombre de cellules souches par micropuits augmentait la formation de blastoïdes jumeaux. Ils ont également constaté que l’ajout d’une forte concentration de produits chimiques pour promouvoir la différenciation des cellules souches dans le trophectoderme, la couche externe d’un blastocyste qui va former le placenta, augmente la formation de blastoïdes jumeaux.

« Améliorer » les techniques de PMA

« Notre objectif est d’approfondir les mécanismes moléculaires et biophysiques qui sous-tendent la division de la masse cellulaire interne, car ils peuvent nous donner des indices sur la manière de réduire ou d’éviter complètement les taux de gémellité dans les techniques de procréation assistée », indique le Dr Stefan Giselbrecht, l’un des auteurs de l’étude (cf. 40 ans du 1er bébé éprouvette : entre “puissance prométhéenne des chercheurs”, “ambitions mercantiles des industriels” et “exigences de certaines minorités”).

Pour étudier l’implantation des embryons, des blastoïdes « uniques » et « jumeaux » ont été placés sur une puce microfluidique contenant un petit échantillon de tissu utérin. Les scientifiques ont noté que les blastoïdes jumeaux adhéraient au tissu utérin à un taux plus élevé que les blastoïdes uniques, ce qui, selon le Dr Giselbrecht, « peut suggérer un avantage pour un embryon jumeau au stade de l’implantation du développement ».

L’utilisation des blastoïdes

L’année dernière, le Conseil de la santé des Pays-Bas a recommandé que les « embryons de synthèse » soient soumis à la même réglementation que les embryons humains (cf. Pays-Bas : la recherche sur les embryons approuvée jusqu’à 28 jours). Au Royaume-Uni, un projet est en cours pour développer un « cadre de gouvernance » pour la recherche impliquant « embryons de synthèse ».

NDLR : Les chercheurs ne précisent pas s’ils ont eu recours à des cellules souches embryonnaires ou iPS. L’utilisation de cellules souches embryonnaires humaines, prélevées sur des embryons « surnuméraires » issus de fécondation in vitro, conduit à la destruction des embryons dont elles sont issues. Les scientifiques développent l’utilisation des « embryons de synthèse » afin de passer outre la réglementation en matière de recherche sur l’embryon, notamment l’interdit de créer des embryons pour la recherche (cf. « Embryons de synthèse » humains : les annonces se multiplient ; Embryoïdes : l’ABM propose une « troisième voie » pour « encadrer » les recherches). Le Conseil de la santé des Pays-Bas avait recommandé que les « embryons de synthèse » soient protégés, au même titre que les embryons, par l’Embryo Act. « La raison en est qu’il n’est pas exclu qu’ils puissent se développer jusqu’à devenir des êtres humains », explique-t-il.

 

[1] D. Luijkx et al., Monochorionic twinning in bioengineered human embryo models, Advanced Materials (09/04/2024), https://doi.org/10.1002/adma.202313306

Sources : La Libre, Belga (10/04/2024) ; BioNews, Dr Jenny Lange (15/04/2024)

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