« Blastoïdes » : une nouvelle étude, les mêmes arguments

Publié le 6 Déc, 2021

Le 2 décembre, la revue Nature publiait une nouvelle étude [1] sur les « blastoïdes » humains, aussi appelés maladroitement « faux embryons » dans les médias. Il s’agit d’embryons humains au stade blastocyste [2], obtenus non pas à partir de gamètes mais à partir de cellules souches. Leur “fabrication” ne passant pas par l’étape de fécondation, les chercheurs estiment que ces blastoïdes ne sont pas des embryons humains. Ils contournent ainsi l’interdit de créer des embryons pour la recherche.

L’étude parue jeudi n’est pas la première sur le sujet. Toutefois les auteurs seraient les « plus avancés » dans le domaine [3]. Ils officient à la KU Leuven, l’Université de Nantes et au Vienna Biocenter. En 2018, ils étaient parvenus à former « des modèles ‘complets’ d’embryons en laboratoire à partir de cellules souches chez la souris ». Transférés dans des utérus de souris pour étudier le processus d’implantation [4] (cf. Obtenir un embryon à partir de cellules souches, une alternative faussement éthique).

Aujourd’hui, ils ont mis au point « le modèle de blastoïde équivalent chez l’humain », à partir de cellules souches pluripotentes induites (iPS). S’interdisant de les transférer dans l’utérus humain ou animal, d’un commun accord avec la Société internationale pour la recherche sur les cellules souches (ISSCR) [5]. Mais ils rapportent pouvoir « modéliser de façon très réelle le moment critique de l’implantation dans l’utérus », « en combinant des blastoïdes humains avec des cellules de l’endomètre[6] humain ». In vitro, les blastoïdes ont « créé spontanément des cellules adhérentes qui leur permettent d’interagir avec les cellules de l’endomètre ». Et les chercheurs ont identifié les signaux chimiques mis en œuvre par les cellules de la masse interne de l’embryon pour « commander » la formation de ces cellules adhérentes. Ils ont ensuite détruit, à 13 jours de développement, les blastoïdes obtenus.

Comme souvent avec la recherche sur l’embryon humain, les chercheurs se justifient de faire avancer la recherche sur l’infertilité et font miroiter des applications dans ce domaine. Ici ils vantent également la mise au point d’un « nouveau modèle de contraception » [7]. A l’horizon d’une dizaine d’années, ce qui laisse le temps au grand public d’oublier ces fausses promesses.

 

[1] Kagawa, H., Javali, A., Khoei, HH et al. Les blastoïdes humains modèlent le développement et l’implantation des blastocystes. Nature 2021. https://doi.org/10.1038/s41586-021-04267-8

[2] Quatre à sept jours après la fécondation ; les blastocystes sont composés d’une centaine de cellules

[3] Le taux de cellules souches qui se différencient atteignaient 10% dans les études chinoise et australienne publiées début 2021 (cf. Embryoïdes, blastoïdes, MEUS : des embryons créés pour la recherche) ; Ici ce taux serait de plus de 70%.

[4] L’équipe n’est toutefois pas parvenue à la naissance de souriceaux à partir de blastoïdes.

[5] Les chercheurs affirment avoir contribué à la publication « du premier cadre éthique pour la recherche sur les blastoïdes », au mois de mai dernier cf. Recherche sur l’embryon : plus aucune limite ?

[6] Couche externe de l’utérus

[7] Le terme « contraception » est celui employé par les chercheurs. Il s’agirait cependant d’empêcher la nidation, ce qui provoquerait plutôt un avortement précoce.

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