Des cellules iPS d’éléphant pour « ressusciter » les mammouths ?

Publié le 7 Mar, 2024

Des scientifiques sont parvenus à reprogrammer des cellules de peau d’éléphant à l’état embryonnaire [1]. C’est l’annonce faite par la société Colossal Biosciences « spécialisée dans la lutte contre l’extinction des espèces »[2]. L’entreprise vise à « créer des éléphants dotés de caractéristiques propres aux mammouths laineux » (cf. Colossal, l’entreprise américaine qui veut créer des hybrides de mammouth laineux).

Enthousiasme et scepticisme

« Je pense que nous sommes certainement en lice pour le record mondial de création la plus difficile de cellules iPS », a déclaré George Church, cofondateur de Colossal, généticien à la Harvard Medical School de Boston et coauteur d’un article décrivant les travaux qui n’a pas encore été publié [3].

Sebastian Diecke, biologiste spécialiste des cellules souches au Centre Max-Delbrück de médecine moléculaire de la Helmholtz Association à Berlin, tempère. Il souhaiterait voir « davantage de preuves que les lignées de cellules iPS se développent de manière stable et peuvent être transformées en différents types de tissus, par exemple en fabriquant des organoïdes cérébraux avec ces cellules ». « Il y a encore des étapes à franchir avant que nous puissions parler de véritables cellules iPS », juge-t-il.

Pour le moment les cellules d’éléphant reprogrammées « ressemblaient aux cellules iPS d’autres organismes et se comportaient de la même manière ». En effet, elles pouvaient « former les cellules constituant les trois feuillets », à l’origine de tous les tissus.

Modifications génétiques et utérus artificiel

Le projet de Colossal consiste à modifier génétiquement des éléphants d’Asie, « le plus proche parent vivant des mammouths laineux disparus », pour les doter de caractéristiques propres aux mammouths, telles que « des poils hirsutes » ou un « surplus de graisse ».

Les cellules iPS ne sont pas nécessaires au processus. Toutefois, elles serviront à « tester » les modifications génétiques avant de les insérer chez les éléphanteaux, explique George Church.

Le chercheur imagine aussi que des utérus artificiels, « dérivés en partie de cellules iPS », pourraient être utilisés pour éviter de recourir à des éléphants d’Asie pour porter ces futurs embryons à terme. « Nous ne voulons pas interférer avec la reproduction naturelle d’espèces menacées », se justifie George Church.

 

[1] Pour parvenir à ses fins, l’équipe a mis en œuvre les quatre facteurs de Yamanaka et a dû réduire l’expression d’un gène anticancéreux appelé TP53. Ils ont généré 4 lignées de cellules iPS.

[2] D’autres équipes ont généré des cellules d’espèces menacées d’extinction, comme le rhinocéros blanc (Ceratotherium simum cottoni)

[3] Une pré-publication devrait être « bientôt » disponible sur bioRxiv.

Source : Nature, Ewen Callaway (06/03/2024)

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