La généralisation des tests prénataux remise en cause

Publié le 24 Nov, 2021

A l’occasion d’une échographie, une anomalie de quelques centimètres sur l’estomac du bébé est découverte. Le médecin informe les futurs parents et les envoie consulter dans un service de médecine fœtale. Elle se justifie : « une circonférence abdominale plus petite que la moyenne à ce stade de la grossesse pourrait signifier un problème chromosomique possible ».

Débute alors pour la future maman, une série d’échographies hebdomadaires, de nombreux tests sanguins et une amniocentèse, une ponction de liquide amniotique qui permet de déterminer si le fœtus est porteur d’une maladie génétique. Finalement, les résultats sont rassurants. Mais, la patiente témoigne : « la quinzaine de jours où j’ai dû attendre les résultats m’a presque détruite mentalement ». Elle ajoute que si elle avait eu plus de temps, elle n’aurait pas « choisi cette voie » (Cf. Dépistage prénatal : les familles sous pression).

En Australie, le DPNI a été introduit en 2012. Ce test sanguin « examine l’ADN des tissus placentaires pour déterminer la probabilité que le bébé ait une trisomie 21 (ainsi que le syndrome de Patau et le syndrome d’Edwards) ». Le DPNI n’est pas pris en charge par le système de santé australien. Mais, « les experts estiment que près de 100% des femmes dans le système de santé privé obtiennent le DPNI ». Il est « commercialisé » entre 380 et 1000 dollars et présenté comme « une garantie », en vue de la « tranquillité d’esprit ». Cependant, il comporte « un risque de faux positifs, de faux négatifs et même de résultats non concluants » (Cf. Dépistage prénatal ? Toujours plus).

Le docteur Joseph Thomas, spécialiste en médecine materno-fœtale chez Mater Health Services à Brisbane, affirme que le DPNI ne « mesure que l’ADN placentaire ». Il ajoute que comme « le placenta et le fœtus proviennent de la même source, on peut généralement supposer qu’ils ont les mêmes chromosomes la plupart du temps ». Mais, le DPNI peut détecter « une anomalie placentaire alors que le fœtus est normal ». De même, d’autres problèmes tels qu’un cancer maternel ou une grossesse gémellaire peuvent fausser le test, « c’est pourquoi le DPNI n’est qu’un test de dépistage et non un test de diagnostic » (Cf. L’ONU reproche à la France sa politique de dépistage prénatal de la trisomie 21).

Le docteur Thomas s’inquiète et il a publié un article sur la nécessité éthique d’informer les futurs parents sur le degré de fiabilité de ces tests prénataux (Cf. Dépistage prénatal non-invasif : un consentement réel des femmes ?).

Le docteur Vijay Roach, obstétricien, dénonce aussi « les attentes sociétales en matière de perfection » qui « sont également à l’origine de la pression en faveur de plus de tests prénataux ». Il explique que « les intérêts des entreprises qui peuvent gagner de l’argent grâce aux tests doivent également être pris en compte » (cf. DPNI : Bataille juridique et financière autour d’un brevet). Selon le docteur Roach, le DPNI risque d’être utilisé « encore plus tôt dans la grossesse » et pour plus d’affections. Il suggère même que bientôt, la FIV sera proposée à tous les couples pour « dépister les embryons ».

Source : The Sunday Morning Herald, Caroline Zielinski (23/11/2021) – Photo : iStock

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