Des chercheurs ont développé une nouvelle méthode de tri des spermatozoïdes, « plus précise et sûre » d’après eux, visant à choisir le sexe de son futur bébé. La méthode sépare les spermatozoïdes en fonction de leur poids, avec « 80 % de chances de réussite » selon les médecins. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Plos One[1].
La technique a été testée sur « plus de 1300 couples ». Les spermatozoïdes contenant un chromosome X (femelles) sont légèrement plus lourds que les spermatozoïdes contenant un chromosome Y (mâles), explique l’auteur de l’étude, le Dr Gianpiero Palermo. Il est professeur d’embryologie et de gynécologie à la Weill Cornell Medicine de New York. Le concept est « très simple », précise-t-il : « Nous laissons les spermatozoïdes nager dans un milieu dense », « les spermatozoïdes les plus légers montent tandis que les plus lourds vont vers le bas ».
Une fois le spermatozoïde sélectionné, le médecin procède à une injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI) (cf. PMA : risque médical et technique). L’embryon ainsi fabriqué subit un dépistage préimplantatoire « pour détecter les anomalies chromosomiques et le sexe » (cf. DPI : choisir un enfant conforme ?).
Une technique controversée
Cette technique de tri n’a pas altéré les spermatozoïdes « de quelque manière que ce soit », affirme le Dr Palermo. « La santé des enfants est bonne jusqu’à présent », « aucun retard de développement n’a été constaté à l’âge de 3 ans », indique-t-il.
Pour le moment le médecin met en œuvre la procédure « dans le cadre d’un protocole de recherche ». Mais il envisage de la proposer à « des couples qui n’ont pas besoin de traitements de fertilité ».
Sélectionner le sexe de son futur bébé est « controversé ». Pour le Dr Arthur Caplan, bioéthicien et fondateur de la division d’éthique médicale à l’école de médecine Grossman de l’université de New York, il s’agit d’une « pente glissante ».
En effet, après le choix du sexe, les couples pourraient choisir d’autres caractéristiques de leur enfant, « notamment sa taille, la couleur de ses yeux, sa force ou son orientation sexuelle ». Sans compter que sélectionner le sexe des enfants à naître « pourrait créer un déséquilibre dans la société », en modifiant la composition de la population, prévient le bioéthicien (cf. Douze pays ont un “sex-ratio” déséquilibré pour cause d’avortement des petites filles).
[1] Stephanie Cheung et al, A non-randomized clinical trial to determine the safety and efficacy of a novel sperm sex selection technique, PLOS ONE (2023). DOI: 10.1371/journal.pone.0282216
Source : Medical Xpress, Denise Mann (22/03/2023) – Photo : iStock