Erika Preisig, médecin suisse dont le procès s’était ouvert mercredi dernier, a été acquittée des accusations de meurtre à propos du suicide assisté d’une femme souffrant de démence, mais elle est condamnée à une peine de 15 mois de prison avec sursis et d’une amende de 20 000 Franc-suisse [1] pour « violation de la loi sur les produits thérapeutiques »[2] (cf. Suisse: Un médecin jugé pour le suicide assisté d’une personne « dépressive et incapable de discernement »). Elle « pourra continuer à pratiquer l’aide au suicide, mais elle a l’interdiction de prescrire du pentobarbital de sodium à des patients atteints de troubles psychiques ».
En juin 2016, présidente de l’association d’aide au suicide bâloise Eternal Spirit, ce médecin avait « donné le feu vert pour l’accompagnement vers la mort en sachant sciemment, ou tout au moins en acceptant le fait que la sexagénaire n’était pas capable de discernement ». Elle « lui aurait même ‘’suggéré’’ qu’elle était capable de discernement, selon l’acte d’accusation. Et c’est la sexagénaire, dans l’ignorance de son incapacité de discernement, qui a activé la perfusion intraveineuse mortelle de pentobarbital sodique dans la main, indique le ministère public ». Le président de la cour « lui a reproché d’avoir surestimé sa propre compétence dans l’évaluation de la capacité de discernement d’une retraitée sexagénaire atteinte de troubles psychiques ».
L’association Exit s’est félicitée de cette décision, qui tient compte du principe de protection du droit à la vie mais accorde plus de valeur à la liberté individuelle face à la mort.
Pour aller plus loin :
- Après la vidéo d’Anne Ratier, « que l’homme devienne ‘de nulle valeur’, voilà bien le danger qui nous menace »
- Le droit au suicide assisté, un droit fondamental ?
- En fin de vie, des patients moins compétents que ne le pensent les médecins pour prendre des décisions graves
[1] Près de 18000€.
[2] Elle « a notamment échangé des étiquettes sur des doses destinées à l’origine à certains patients et finalement attribuées à d’autres ».
Le Temps, Céline Zünd (9/07/2019) – Erika Preisig échappe de peu à une condamnation pour homicide
Jean-Yves Nau (4/07/2019) – Dépression et pentobarbital : un cas assez peu régulier de «suicide médicalement assisté»
Swiss info (9/07/2019) – Swiss doctor avoids prison in assisted suicide case